Défi spéciale 100ème : et si on chroniquait Arrêt sur images ?

Sherlock Com' - - Plateau télé - 24 commentaires

“Je tweete ce que je pense”, “Je ne supporte pas le mensonge” ou “J’accepte parfois des invitations à déjeuner”. On se croirait dans une émission d’Evelyne Thomas sur Chérie 25, et pourtant, ce sont bien des titres d’émission d'Arrêt sur images. Pour cette 100e chronique, à la demande des abonné.e.s, c’est bien l’émission du patron que nous allons décortiquer.

Générique.

Ah les gros malins... Fallait voir Watsonne, il y a un mois : “Hey Sherlock, et si on demandait aux abonnés de choisir le sujet de la 100e chronique ?” Ah ah, très drôle, on va se marrer. Aujourd’hui, on rigole un peu moins. Car chers abonnés, vous avez proposé puis choisi le sujet 4 : “Une chronique sur Arrêt sur images”. Quelle bonne idée ! Pour se faire virer juste avant l’été ou bien considérablement refroidir les relations avec son chef, y’a pas mieux. Vous imaginez vraiment qu’on va critiquer une émission présentée par celui qui nous paye tous les mois et qui est censé rémunérer cette chronique kamikaze ? 


C’est bête, on aimait bien faire cette chronique. Depuis 2009, le rituel était bien rodé. Un écran, des croquignotis pour l’apéro, quelques verres et la même question qui nous anime : qui va-t-on bien pouvoir dézinguer cette semaine ?

Oui, un bon sujet, c’est un sujet qui nous énerve (Bern, Tapie, Blanquer, Mélenchon…). Alors autant vous dire qu’on part avec un gros handicap pour cette 100e. Car dans nos sujets d’agacement télévisuel, l’émission Arrêt sur images n’est pas vraiment en haut de la pile (on démarre soft hein, car en plus de vouloir continuer cette chronique l’année prochaine, on aimerait bien une augmentation).

Mais bon, vous avez choisi ce sujet, alors quand faut y aller… Prêt.e.s pour le saut à l’élastique ? 3… 2… 1…

Arrêt sur images, c’est d’abord une émission avec un animateur de choc (qui peut passer par tous les stades émotionnels)

Accompagné de journalistes-de-lancement 

Le tout se déroulant dans les conditions du direct, puisque l’émission n’est pas montée… Enfin, elle n’est techniquement pas montée. Car il y a bien des coupes. C’est l’animateur qui s’en charge en live avec sa main gauche (ou droite)…

Invité : “Je vais vous expliquer que”... STOP 

Journaliste-de-lancement : “Attendez, quand vous dîtes…” STOP. PRIORITE A DROITE

“En même temps, je…” STOOOOOP

Journaliste : “Parce que…” CHUT..

Et ça fait 10 ans que ça dure sur internet…

Arrêt sur images, c’est donc un agent de la circulation, des journalistes-de-lancement, mais aussi une équipe en coulisses (une documentaliste, deux réalisateurs, un preneur de sons) qui ont pour habitude de fêter dignement la mise en ligne d’une émission tous les vendredis soirs (ou presque)

C’est tout ça Arrêt sur images, mais c’est surtout une émission de critique médias. Avec des sujets de fond. Si, si. Il suffit de lire les titres des émissions : “Hélas, je ne peux plus regarder France 2”, “Oui, j’accepte parfois des invitations à déjeuner”, “Je ne supporte pas le mensonge et la mauvaise foi”, “Je tweete ce que je pense”.

Des titres qui ressemblent beaucoup à des sujets de C’est mon choix

Ah les titres d’émission… On en apprend des trucs avec Arrêt sur images. Il y a des émissions conso (“Gaspillage alimentaire : il n’y a pas de limite de consommation sur la banane"), des conseils culturels (“Le cinéma n’a rien à voir avec la littérature”) ou juridiques (“Contourner la loi est facile, mais ce n’est pas anodin”).

Sans oublier toutes les émissions de réflexion sur le travail des journalistes et le paysage médiatique : “Je n’enlève pas une ligne à mon article”, “Les journalistes web ont un complexe de supériorité et d’infériorité” (et inversement), “Zone interdite nous prend pour des jambons”. Et notre préféré : “Les débats entre journalistes, c’est la facilité”. Euh, c’est pas le concept de notre émission ça ?

C’est important de bien choisir son titre. Sur le moment, c’était sûrement parlant. Mais quand on se replonge dans les archives, certains titres laissent perplexe : “Les juifs sont plus vigilants que les noirs”, “L’utilisation du mot noir ne fait courir aucun risque”. D’accord...

DevinetteS : à quoi correspond ce titre d'émission ?

Ah ces titres… Avouez-le, quand vous les découvrez le vendredi soir, y’a un vrai suspense… et toujours la même interrogation : euh, mais quel est le thème au juste ? Faites le test chez vous ! En fonction des titres suivants, retrouvez le vrai thème de l’émission...

"Un collègue m'a dit que ces choses là ne se racontaient pas"

a) Emission de bistrot sur les rumeurs au travail

b) Confessions intimes sur les amours extra-conjugales

c) Un député est venu faire la promo de son blog, et ce n'était pas l'émission du siècle

Réponse !

"Il faut reparler à des téléspectateurs adultes"

a) Emission sur la reconversion de Dorothée

b) Débat sur Cyril Nouilles-dans-le-slip qui change le concept de TPMP

c) Franchement, même avec le chapo, on n'a pas compris le titre

>> Réponse !

"Sur internet, les images sont dégueulasses"

a) Emission sur les abonnés mécontents de la V2 du site

b) Une émission sur la peinture

c) Une émission cul, parce que chaque année, il faut en faire un peu (, ou )

>> Réponse !

Allez, une dernière pour la route... 

"Il faut des victimes emblématiques"

a) Une émission sur le 13 novembre

b) Une émission sur les migrants

c) Une émission sur la pilule

>> Réponse !

Pas facile, hein ! Bon, au moins, quand le titre n’est pas clair, on a d’autres indices : les invités. 

ASI a ses asinologues

Arrêt sur images fonctionne un peu comme C dans l’air ou L’info du Vrai. Calvi a ses calvinologues, ASI a ses asinologues.

Exemple ? Quand Monique Pinçon-Charlot est invitée dans une émission, on sait que ça va être une émission sur… bah oui, les riches !

C’était le cas il y a deux semaines…

Mais aussi en septembre 2017...

En février 2017...

En août 2016...

Une émission sur Bolloré ou le journalisme d’investigation ? Entendu à la rédac : “Vous savez si Jean-Baptiste Rivoire a posé des RTT ce vendredi ? Non ? Cool…”

Eh hop là, c’est parti : score à 6.

Une enquête politico-financière ? Fabrice Arfi de Mediapart n’est jamais très loin...

Autant vous dire que pour une émission sur “les riches qui planquent leur argent dans les paradis fiscaux tout en étant abonnés à Bolloré TV” (ça ferait un bon titre d’émission, non ?), le tiercé dans l’ordre serait : Pinçon-Charlot, Arfi et Rivoire.

Alors certes, on n’atteint pas les scores des plus grands Calvinologues (180 participations pour Dominique Reynié par exemple), mais le principe est le même : Arrêt sur images a ses habitués.

Le petite dernier de la bande s’appelle Gaspard Glanz. Quatre passages en deux ans.

Ca fait beaucoup (de son propre aveu sur le plateau d’ASI) : “J’ai l’impression de venir ici pour ma psychothérapie une fois par trimestre. Dès qu’il m’arrive quelque chose, j’ai envie de dire : qu’est-ce que t’en penses Daniel ?”

Ah Daniel, Arrêt sur images ne serait pas Arrêt sur images sans son animateur-actionnaire vedette et ses interventions toujours pertinentes (forcément) à quelques exceptions près.

Première question à Monique Pinçon-Charlot il y a deux semaines… Attention, prenez une grande inspiration : “Alors évidemment, quand on a découvert ce documentaire sur lequel on a eu tout de suite envie de faire une émission qui nous a semblé très riche, on a immédiatement pensé à solliciter votre regard à vous, spécialiste des classes bourgeoises, des immixtions dans le gotha des ultras riches, donc je vous ai contacté, je vous ai envoyé le lien du documentaire, je me disais, bon elle va peut être dire qu’elle n’a pas appris grand chose et puis finalement, vous avez été enthousiaste, vous m’avez dit mais oui, on apprend plein de trucs, etc. Alors qu’est-ce que quelqu’un comme vous, qui connaît ce milieu par coeur, a appris dans ce documentaire”...

Gros suspense…

Monique c’est à toi : “Bah à vrai dire non, pas grand chose’.

Coupez, on la refait.

Plus récemment, dans l’émission de vendredi, le chef a enterré un peu trop vite un ancien ministre de Mitterrand (auquel Le Monde avait consacré un portrait il y a moins d’un mois) :


On est taquins. Mais pour des critiques de fond, vous avez finalement plus de recul que nous, cher.e.s abonné.e.s. Ca se passe toutes les semaines dans les forums. Une erreur de casting ? Bim et re-bim. Des extraits vidéo contestables ? Bam. Une boulette ? Boum. C’est un vrai feu d’artifice ces forums.

On pourrait également ajouter ceci : Arrêt sur images est censé être sur internet pour s’émanciper du format télé. Or, quand on s’impose une émission hebdomadaire, on retrouve les contraintes de la télé : devoir un trouver un sujet et des invités pertinents chaque semaine, quelle que soit l’actualité ou l’inspiration de la rédac. Quitte à trouver des sujets moins anglés médias, à appeler les mêmes bons clients. Alors pourquoi s’imposer une émission le vendredi lorsqu’on est à court d’idées ou d’invité pertinent ?

C’est le charme et les limites de ces rendez-vous. Cet accord tacite entre vous et nous : le vendredi, c’est émission, quoi qu’il arrive, les bonnes comme les mauvaises semaines. Le matin, à 9h15, c’est le matinaute. Et un dimanche sur deux, c’est nous. On ne voit donc pas pourquoi, malgré cette chronique impossible, on ne vous donnerait pas rendez-vous dimanche 8 juillet pour la 101e et dernière chronique de l’année. Grâce aux après-midis de France 2, on vous parlera un peu d’amour..

On vous embrasse,

Watsonne & Sherlock.

La DEVINETTE 

Lequel de ces titres d'émissions d'ASI existe vraiment ?

a) Avis de gros temps sur Météo France

b) Batterie de casseroles pour Top chef

c) Carton jaune pour le sport à la télé

Le premier qui trouve (sans moteur de recherche) recevra une vraie photo dédicacée des auteur.e.s de cette chronique (la chance...)

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