Berlusconi : le soulagement, mais...
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 32 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Comment s'affliger de la fin (possible) de Berlusconi ?
Le premier réflexe, en apprenant la nouvelle au saut du lit, ne peut être que de soulagement, et tient en un mot: enfin !
Pourtant, ce ne sont ni ses "frasques", comme disent les journalistes (entendez notamment ses relations avec des prostituées, et toutes les conséquences judiciaires), ni les manifs de femmes, ni les référendums d'inititative populaire, ni de belles émissions de télé, ni la réprobation croissante des catholiques, ni l'interminable feuilleton des poursuites financières qui auront eu raison de lui, ni même pour toutes ces raisons les critiques implacables de la presse étrangère, ce sont les marchés. Si Berlusconi n'avait été qu'obsédé sexuel et malhonnête, il aurait encore une majorité au Parlement italien. Là où la Justice, les manifs, l'opposition, et tous les efforts des contre-pouvoirs sus-mentionnés ont échoué, les marchés ont réussi.
On objectera que c'est (notamment) la somme devenue insoutenable de toutes ces contestations, qui a nourri les attaques des marchés contre l'Italie. Les traders lisent les journaux. Il n'a pas pu leur échapper que Berlusconi, pour toutes ces raisons, était incapable de faire avaler au pays quelque rigueur que ce soit. C'est vrai. Mais cela ne dissipe pas le goût amer du matin. Les marchés défilent désormais dans la rue, ils défont les majorités, ils rendent la justice à la place de la justice. En Italie comme en Grèce, annoncera-t-on au poste de premier ministre un technicien, c'est à dire un ancien responsable des banque centrale, un mini-Trichet, un clone de Draghi ? On peut estimer que la dictature des marchés est toujours préférable à un authentique coup d'Etat militaire, à une sorte de rigueur en uniforme, modèle Pinochet épaulé par les Chicago boys. Mais l'un n'empêche pas l'autre. La fin de l'histoire n'est pas encore écrite.