E-réputation : "Mediacités" enquête sur Net'wash, le "Avisa" lyonnais
La rédaction - - Intox & infaux - Publicité - Déontologie - Numérique & datas - Scandales à retardement - 12 commentaires Voir la vidéo
Cette émission est diffusée en direct un mardi sur deux à partir de 17 h 30 sur notre chaîne Twitch.
- 2:22 Étudiante en journalisme, elle enquête sur le "Avisa" lyonnais : Net'Wash
Étudiante en année de césure, Margaux Farran, lors de son stage dans le média indépendant d'enquêtes locales Mediacités, a travaillé sur "la sulfureuse agence d'e-réputation prestataire du candidat Macron" : la lyonnaise Net'wash, équivalent lyonnais de la désormais célèbre agence Avisa. L'idée lui est venue à la lecture d'un article du Monde sur les comptes de campagne du candidat Macron. Margaux Farran a été interviewée par l'émission de France Inter Secrets d'info, et son enquête a été republiée par Mediapart, accompagnée de quelques explications quant aux billets publiés par Net'wash dans son espace participatif. Contrairement à ce qu'affirmait son fondateur Stéphane Alaux en 2017 à Konbini (puis de nouveau à Arrêt sur images en 2020), en présentant alors Net'wash comme une aide cruciale apportée aux PME dénigrées sans raison sur le web, son agence travaille désormais pour des personnages aussi sulfureux que le président du Togo Faure Gnassingbé.
Ou pour le patron d'Indexia (ex-SFAM) Sadri Fegaier, spécialiste de vente d'assurances dénoncées comme des arnaques, et désormais de produits électroniques reconditionnés avec des méthodes "elles aussi décriées" : ce qui ne l'empêche pas de commander moults publireportages dans des médias tels que le Figaro, le Point (deux fois), Forbes (deux fois) et Entreprendre – ni ces médias de les publier malgré les pratiques de l'entrepreneur. Nous vous le racontions ici. Cette appétence pour la multiplication de publireportages flatteurs, on la retrouve d'ailleurs dans la page "ils parlent de nous" de Net'wash, l'agence se prévalant d'être "dans les médias" via ces contenus publicitaires si semblables à de véritables articles : dansForbespasmoins decinq fois, mais aussi dans le Point.
- 34:30 Le journalisme vidéoludique se porte toujours aussi mal
Fin août, nombre de journalistes et vidéastes testaient de manière anticipée la dernière production du studio de jeux vidéo Bethesda, Starfield. Mais pas tous cependant : le média britannique Eurogamerrend public le fait qu'il n'a pas eu de clé d'accès anticipé, il est suivi par d'autresjournalistes du même pays (mais d'autres médias, aux États-Unis et en France, auraient été concernés). Classique dans le monde vidéoludique, l'affaire soulève néanmoins de nouveau la question des rapports entre journalistes, studios de jeu vidéo… et gamers dont certains se montrent toujours prompts à soutenir les grandes sociétés du secteur contre les médias. De quoi faire dire au média Games Industry que la controverse autour de Starfield marque – une fois de plus – le "déclin orbital" du journalisme vidéoludique, pris entre l'algorithme de Google, les géants du secteur et ses propres turpitudes.
- 58:30 Pigiste "défense" au "Canard enchaîné", et en colère après une réécriture jugée trompeuse
Ce jeudi 7 septembre sur son blog personnel, le journaliste spécialiste des affaires militaires Romain Mielcarek rend publics ses griefs envers le Canard enchaîné, ou plutôt à propos de la réécriture d'un article publié chez eux.. Au départ de son enquête, le journaliste avait repéré, dans un article de Libération, la citation d'un militaire ukrainien déplorant l'absence de certains équipements dans les véhicules militaires AMX-10RCR fournis par la France à l'Ukraine. Le futur article vendu au Canard enchaîné, il se met au travail. Et arrive à la conclusion que la France survend cet engin blindé de reconnaissance, mais tente de tourner la situation à son avantage, en expliquant que le seul but de l'opération était de forcer le Royaume-Uni et l'Allemagne à livrer de "vrais" chars.
Sauf qu'une fois publié dans l'hebdomadaire satirique, son article est désormais surtout critique envers le matériel AMX-10RCR lui-même, et reprend précisément ce "narratif" français sur les livraisons allemandes et britanniques, sans apporter la moindre confirmation issue de sources outre-Rhin ou outre-Manche, regrette l'auteur. En réponse, la rédaction en chef, qui s'excuse d'avoir signé l'article du nom de deux journalistes de la rédaction (ce qu'a dénoncé le SNJ-CGT), met en avant une divergence d'interprétation politique. On en discute longuement avec Romain Mielcarek, ainsi que des pratiques éditoriales du Canard enchaîné avec ses pigistes, le journaliste "défense" n'étant pas le seul à déplorer le manque de communication et d'écoute avant publication des articles. Avec à la clé approximations (régulièrement) et erreurs (parfois), selon une petite dizaine de ces journalistes avec lesquels ASI a échangé.
Pan sur le bec
Contrairement à ce que j'affirme dans l'émission, ce n'est pas la première fois qu'un pigiste dénonce publiquement ses relations avec le Canard enchaîné : en effet, le dessinateur Yan Lindingre a témoigné en longueur chez Blasten septembre 2022, comme l'indiquait d'ailleurs l'enquête d'ASI publiée en octobre 2022 à propos de l'hebdomadaire satirique.
- 2:02:17 Manque d'éthique journalistique pour la chaîne YouTube "Linus Tech Tips"
Au cœur du mois d'août, une chaîne YouTube d'essai de matériel électronique en a abattu une autre, bien plus grosse. Dans une longue vidéo, Gamers Nexus a dénoncé un florilège d'erreurs techniques graves commises lors d'essais par la chaîne Linus Tech Tips et ses chaînes annexes, puis en a remis une couche suite à la réponse de son fondateur. La cause ? Un flux de production massif au sein du Linus media group, qui ne laisse pas le temps aux salarié·es de tester correctement le matériel. À cette polémique se sont ajoutées des accusations de harcèlement sexuel de la part d'une ex-employée ayant confirmé par ailleurs les exigences de production délirantes au sein du média.
- 2:24:00 Les vidéastes doivent fermer leur bouche sur YouTube
Anecdotique ou révélateur du fonctionnement de YouTube ? Le premier d'entre les vidéastes, Mr Beast, a indiqué qu'il fermerait dorénavant sa bouche sur les miniatures YouTube : le temps de visionnage serait ainsi amélioré. "J'ai une théorie selon laquelle la bouche ouverte bénéficie d'un meilleur taux de clics sur les vidéos, mais un peu plus de gens se sentent floués par le procédé et quittent la vidéo un peu avant lors visionnage, ce qui fait que les miniatures au pire taux de clics engendre le meilleur temps de visionnage", a commenté Marque Brownlee, de la chaîne MKBHD et leader des vidéastes "tech" états-uniens.
- 2:33:20 Les journalistes toujours si poreux au vocabulaire des pouvoirs
Début août, trois journalistes spécialistes du numérique déplorent – la prédominance du terme "vidéoprotection" (par rapport à "vidéosurveillance") dans les médias depuis le passage de la loi Loppsi 2 en 2011, qui forçait son usage dans les documents officiels. De quoi s'interroger sur cette éternelle porosité médiatique. Par exemple lorsque Facebook s'est renommé en Meta alors que rageait la polémique suite aux "Facebook Papers". Un timing qui, de l'aveu même d'un dirigeant de la multinationale du numérique, a permis de reléguer les accusations de faiblesse face aux discours de haine sur la plateforme (entre autres) dans les tréfonds médiatiques assez rapidement. Ou avec le renommage de "Twitter" en "X" par son désormais propriétaire Elon Musk. Ou, avant ça, lors des innombrables rebranding de sociétés bien françaises cernées par les critiques, du Crédit lyonnais/LCL à Noos (puis Numéricable) et tant d'autres…
- 2:59:55 "Forbes", du prestigieux média économique au robinet à publicité cachée
Les publireportages de la branche française de Forbes ont été mentionnés à plusieurs reprises dans cette émission. Ce n'est pas vraiment un hasard, selon une récente enquête du média universitaire d'examen médiatique états-unien Columbia Journalism Review. Enrichi de la parole des journalistes de Forbes, l'article raconte comment la publicité a pris le dessus progressivement sur le travail d'une rédaction autrefois prestigieuse et aujourd'hui de plus en plus déconsidérée (bien que le vernis réputationnel de Forbes reste grand dans le monde des affaires anglophone).
- 2:08:35 FAQ : Alain Korkos commente sa propre erreur
Il y a deux semaines, je racontais comment un courriel m'avait entraîné à devoir corriger une chronique d'Alain Korkos chez ASI à propos de la choucroute (la coiffure, pas le plat). Vous m'aviez alors encouragé à appeler son auteur, et à creuser le sujet. Ce que j'ai fait : l'erreur provient bien de la confiance accordée par notre ancien chroniqueur à une nécrologie partiellement erronée du New York Times sur l'inventeuse de la coiffure "beehive" (qui est une forme lisse de la choucroute inventée en France par Jacques Dessange). Le tout m'ayant conduit à solliciter le New York Times et le Guardian, sans réponse malheureusement pour les amoureux et amoureuses de l'histoire de la coiffure, négligée dans les grands médias.
Enfin, on discute de l'élection d'une nouvelle chefferie chez ASI. Et surtout de notre campagne d'abonnement, dont la réussite est simplement indispensable à notre survie : on compte sur vous !