[Avent 2021] Spécial présidentielle 2017 : "Macron, ça booste les ventes"

La rédaction - - 133 commentaires

À quelques semaines de l'élection, les médias avaient élu leur chouchou


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On l'avait oublié : le candidat Macron avait réussi à transformer en opération de com' un échange musclé en conférence de presse avec un journaliste de "Mediapart" ! Quant au "Monde" et à "L'Obs", la séduction exercée par Macron était manifeste. Sans parler de "Paris Match"...

17 mars 2017 : il sera question de Macron, candidat et chouchou des médias, avec Bruno Jeudy, rédacteur en chef de Paris Match et Mathieu Magnaudeix, journaliste à Mediapart. L'accusation est quasiment dans la bouche de tous les autres candidats à l'élection présidentielle. Et cette même accusation, ce même soupçon, nous effleurent parfois ici aussi à Arrêt sur images... À constater le nombre de couvertures de magazine, d'éditoriaux favorables qui sont consacrés à la couverture de l'ancien ministre de l'économie, on peut se poser la question : la presse de droite, comme de gauche, et peut-être plus encore la presse "ni de droite ni de gauche", a-t-elle choisi son camp ? Pour répondre : 

Le making-of de l'émission, par Robin Andraca :

Depuis des semaines, on voulait faire une émission sur le cas Macron. Discuter de ces dizaines de couvertures de magazine. De ce documentaire macronolâtre diffusé sur France 3 trois jours seulement après sa déclaration de candidature. De ces éditorialistes qui, sur les chaînes d’info, disent tout le bien qu’ils pensent de l’ancien ministre de l’économie de son projet.

Mais on ne savait pas trop par quel bout le prendre, ce Macron-candidat-des-médias. Inviter des journalistes qui le suivent ? Peur que cela sonne trop plat, et de rajouter seulement de la glose à la glose Macron. Et puis Arrêt sur images restant ce qu’elle est - une émission où on déconstruit des narrations médiatiques - on avait peur de manquer de choses à voir, et à commenter.

Et
puis vint Macron contre Mediapart. A deux reprises, en l’espace de quelques semaines, le candidat d’En Marche transforma une réponse à une question de Mediapart en meeting de campagne. Une première fois lors de l’émission Mediapart Live en novembre 2016, une seconde lors de la présentation de son programme début mars. Dans la foulée, la prise de judo de Macron était sous-titrée, publiée sur le compte Facebook du candidat et transformée ainsi en vidéo virale, vue par plusieurs centaines de milliers d’internautes.

Après avoir raconté cela dans mon papier du 6 mars, Mathieu Magnaudeix, l’une des deux “victimes” du coup de com’ de Macron, m’écrit sur Twitter. Au fil de la discussion, je comprends qu’il ne serait pas opposé à l’idée de venir en parler sur notre plateau. Un invité et des séquences vidéo : notre émission sur Macron commence (enfin) à rassembler à quelque chose !

Restait à trouver les autres invités. Très rapidement, s'impose le nom de Bruno Jeudy, rédacteur en chef de Paris-Match, qui a mis quatre fois cette année le couple Macron en couverture de son magazine. Il accepte à peu près aussi vite notre invitation. Il y a dix ans, il était venu parler sur notre plateau de France 5 de l’amour des médias pour Sarkozy. Au tour de Macron.

Luc Bronner, directeur de la rédaction du Monde, Franck Nouchi, médiateur du Monde, auteur cette semaine d’un papier intitulé "Le Monde roule-t-il pour Macron ?", et Carole Barjon, rédactrice en chef adjointe du service politique de L’Obs, dont on ne compte plus les couvertures sur Macron, ont aussi été contactés mais n’étaient pas disponibles.

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Acte 1

Macron candidat des médias, comme le prétendent Philippot, Le Pen, Sarkozy, Ciotti ou Montebourg ? Pour Jeudy, comme pour Magnaudeix, c'est surtout la "nouveauté" qui attire le plus les médias : "Emmanuel Macron, il y a cinq ou dix ans, quand le système politique n'était pas aussi délabré, n'avait aucune chance". Autre argument avancé par le journaliste de Mediapart : "Macron, ça booste les ventes, en pleine crise de la presse". Y a-t-il une affinité idéologique entre Macron et un certain nombre de journalistes, qui eux-mêmes trouvent le clivage gauche-droite déplacé ? "Moi je pense que le clivage gauche-droite existe encore", répond pour sa part Jeudy.

Acte 2

Où nous nous arrêtons - longuement - sur les unes d'hebdos consacrés depuis un an à Macron : d'abord celles de l'Obs ("Le dynamiteur", "L'homme pressé", "Lui président ?"), puis sur celles de Paris Match, que son rédacteur en chef commente en détails sur notre plateau. Macron pose-t-il sur celle-ci ? Pourquoi avoir mis, sur celle-là, le couple Macron, plutôt que Fillon qui venait de remporter largement le premier tour des primaires de la droite et du centre ? Peut-on imaginer Hamon ou Mélenchon en une de Match ? Le rédacteur en chef de l'hebdo dévoile le "making-of" de ces Unes, et nous explique la différence paparazzade et "demi-paparazzade". 

Acte 3

Où l'on s'arrête sur les sondages publiés quotidiennement par Paris Match sur son compte Twitter (lire à ce propos notre enquête), alors que les intentions de vote se situent presque tout le temps dans la marge d'erreur du sondage. Sur le "terrain", les sondages font aussi la loi. "On est dans une campagne complètement atypique. Et pourtant, toutes les discussions politiques dans l'équipe de Macron sont des discussions centrées sur les sondages", explique Magnaudeix.

Acte 4

Où l'on ouvre enfin le dossier "Mediapart vers Macron" (ou plutôt le contraire). Comment expliquer que Macron, à deux reprises, ait transformé sa réponse à Mediapart en meeting de campagne ? Où l'on compare aussi les questions posées par Mediapart à Macron, et à Fillon. Pour Magnaudeix, qui reconnaît que s'attaquer à Macron n'est pas aisé, "Il faut raconter le monde de Macron". "Il y a un certain nombre de patrons qui sont extrêmement favorables à Emmanuel Macron. Comment il gouvernerait si ces gens étaient ses visiteurs du soir ? C'est des vrais questions qu'il faut poser aussi, et qui sont pas forcément posées".

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