Un authentique moment de démocratie
Daniel Schneidermann - - Coups de com' - Obsessions - 122 commentaires
Quand le président a dissous l'Assemblée j'ai approuvé : il était sain, démocratiquement, que le pouvoir rendre la parole au peuple après une sévère défaite électorale aux Européennes.
Quand le Nouveau Front Populaire (NFP) est arrivé en tête des législatives j'ai été fort soulagé : à la différence de tous les pays où les résultats du scrutin sont malheureusement connus à l'avance, nous avons la chance de vivre dans une démocratie authentique et non truquée.
Quand le président n'a pas appelé le NFP à constituer le gouvernement, j'ai pensé que cette coalition, en effet disparate, aurait dû s'accorder sur un nom de premier ministrable, pour jouer le jeu de la démocratie.
Quand les ministres ont voté pour l'élection de la présidente de l'Assemblée, je me suis souvenu qu'ils étaient "démissionnaires", donc plus vraiment ministres, et que si la chose posait problème, le Conseil constitutionnel comme dans toute démocratie authentique, annulerait cette élection.
Quand le président, à la télévision, n'a pas même prononcé le nom de Lucie Castets, j'ai pensé qu'il n'avait pas eu le temps de l'apprendre, ce nom -à l'orthographe par ailleurs complexe- ayant été annoncé une heure auparavant, sans doute dans le but de le piéger. La démocratie ne doit pas exclure la courtoisie.
Quand le président a évoqué une trêve olympique pour sursoir à la constitution du gouvernement, j'ai admis que l'organisation d'un tel événement impliquant la planète entière était en effet une tâche ardue. La démocratie ne doit pas exclure l'efficacité.
Quand les ministres démissionnaires ont commencé à préparer le budget de l'an prochain, j'y ai vu une marque de bienveillance démocratique envers le gouvernement suivant, sans doute moins expérimenté, et qui n'aurait pas le temps d'accomplir dans les délais à cette tâche ardue.
Quand le président a dû, à regret, renoncer à nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre, j'ai bien dû convenir que la démocratie, en effet, ne doit pas exclure la stabilité des institutions.
Quand le président a dû ensuite, à regret, renoncer à nommer Premier ministre un véritable et sincère homme de gauche, Bernard Cazeneuve, j'ai admis, comme toute la presse, que la gauche n'avait pas joué le jeu. L'existence d'une presse pluraliste et vigoureuse est essentielle à toute démocratie.
La culpabilité de la presse bourgeoise dans le vol des élections est total.
— Marcel (@realmarcel1) September 9, 2024
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Quand le chef de l'Etat a finalement nommé Michel Barnier, que je connaissais mal personnellement, j'ai été rassuré de voir que la presse salue en lui un homme de consensus et une personne rassurante. La période troublée que nous traversons exige en effet apaisement et consensus.
Quand l'opposante de droite modérée Marine le Pen a annoncé qu'elle ne censurerait pas le gouvernement de Michel Barnier j'ai pensé qu'elle incarnait, au nom de ses onze millions d'électeurs, qui méritent d'être respectés, une opposition vigilante mais constructive, essentielle dans une démocratie.
Quand le Premier ministre Michel Barnier, gaulliste social, dans la continuité de ses prédécesseurs, a confirmé qu'il aurait à coeur de dire la vérité, même si elle est difficile, et d'écouter les gens sur le terrain, j'ai été définitivement rassuré : je continuerais, dans cette période troublée, d'être pleinement écouté.
Montage un peu flippant. pic.twitter.com/StfHQlc6bN
— Pascal Riché 🔆 (@pascalriche) September 10, 2024
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