"Pentagone à la Française" : Autopromo de Bouygues à 20h

Sébastien Rochat - - Publicité - 0 commentaires


"14 000 tonnes d'acier, l'équivalent de deux Tour Eiffel".

Vendredi 17 janvier, le 20 heures de TF1 avait des images de synthèse exclusives du futur ministère de la défense, surnommé le "Pentagone à la Française". A l'occasion de la visite de chantier du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, TF1 est revenue sur ce projet titanesque comprenant un "bâtiment ultra-morderne", "trois crèches", "une piscine" et "un ensemble de bureaux futuristes".

Du moderne donc, et surtout de l'ultra-sécurisé : "Les parties les plus sensibles seront hermétiques à toutes perturbations électromagnétiques et des centaines de caméras suivront les déplacements des occupants", précise le journaliste. Si ce chantier coûtera tout de même 3,5 milliards d'euros, cette somme est "présentée comme raisonnable". Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi les membres du ministère sont "impatients de s'approprier le nouvel outil". Livraison prévue : 2015. D'ici là, le chantier fait l'objet de "mesures de sûreté exceptionnelle".

Des images exclusivespicto

De l'exclusif oui, mais pas vraiment de l'info en béton armée. Car TF1 a oublié de préciser que ce partenariat public/privé de 3,5 milliards d'euros a été remporté par... le groupe Bouygues (maison mère de TF1). D'où les images exclusives. D'où le manque également d'informations sur l'enquête judiciaire en cours à propos des soupçons de corruption et de favoritisme. L'affaire avait été révélée par Le Canard enchaîné en 2011. Au grand dam du groupe Bouygues, qui avait porté plainte en diffamation contre le palmipède, en lui réclamant au passage la somme record de 9 millions d'euros. Débouté et condamné à verser 6 000 euros, le groupe de BTP a fait appel (décision attendue le 26 février).

Côté judiciaire, l'enquête avance. Que reproche-t-on à Bouygues ? D'avoir obtenu par avance le cahier des charges du chantier, ce qui aurait donné au groupe de BTP un avantage certain sur ses concurrents, Vinci et Eiffage. Selon les derniers éléments de l'enquête, révélés par Le Canard (qui suit l'affaire de près, avec 10 articles en deux ans), "à une période cruciale de l'appel d'offre, un petit malin a connecté une clé USB à deux ordinateurs du ministère puis en a copié et modifié le contenu". L'auteur n'a pas encore été identifié, mais "des intermédiaires auraient encaissé de jolies sommes, versées sur des comptes bancaires au Portugal", assure l'hebdomadaire.

picto  Le Canard du 18 décembre 2013

De son côté, Bouygues a toujours réfuté toutes ces accusations. Pas besoin d'y revenir à 20 heures donc.

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