DSK : Macé-Scaron fait la leçon aux journalistes (et oublie de citer Marianne)
Sébastien Rochat - - 0 commentairesIl était censé revenir à l'enquête, et puis non. Joseph Macé-Scaron, bien connu des @sinautes pour sa passion pour l'intertextualité (et l'innutrition), a publié dans Marianne un article-édito-pamphlet (rayer une seule mention) égratignant les hebdos sur le traitement de DSK. Macé-Scaron faisant la leçon à la presse ? Il fallait oser, Marianne l'a fait. Dommage que notre spécialiste du copier/coller ait oublié de citer (décidément) son propre magazine dans la liste des couvertures à sensations.
A quoi ressemble une enquête signée Macé-Scaron dans Marianne ? A un article éditorialisé. Précisément ce que Macé-Scaron n'était plus censé faire selon le PDG du magazine, Maurice Szafran, depuis qu'on avait découvert qu'il avait plagié des écrivains mais aussi des journalistes. Et pourtant, Macé-Scaron est bien revenu à l'article éditorialisé pour dénoncer la surexploitation de l'affaire DSK et les dérapages sur la vie privée. "La presse se déchaîne contre un homme politique hors-jeu. Elle franchit allègrement la limite entre vie publique et vie privée", déplore Macé-Scaron.
Le journaliste n'aime pas ça, et il le fait savoir à ses confrères, cette fois-ci en les citant : "L'effarante double vie de DSK", titrait L'Express la semaine dernière. "La vie cachée de DSK", surenchérit Le Nouvel Observateur (...) Savoir si l'ex-postulant a baisé en levrette ou non au-dessus du lavabo d'une boîte échangiste, ça, c'est de l'info, coco. Ce qui est curieux, c'est que le propos de ces unes se trouve dans leurs titres même. "Double vie" ? "Vie cachée" ? Mais bon sang, c'est bien sûr ! Cela ne serait pas la vie privée, par hasard ? C'est vrai, on avait oublié que les puissants et les people n'en ont pas puisqu'ils instrumentalisent trop souvent cette vie privée, et que c'est, précisément, le cas ici". |
Après avoir été accusé de plagiat pour ses livres et pour ses articles de presse, Macé-Scaron revient donc en pleine forme, et il tire à vue : "plus forts que les enquêteurs, les journalistes : leur stylo a, aujourd'hui, les mêmes qualités que la lampe bleu fluo des experts pour trouver les taches de sperme". C'est un expert qui parle : trois semaines avant, il avait co-signé quatre pages sur "l'invraisemblable DSK", "un Berlusconi à la française".
Certes, dans cet article sur l'affaire du Carlton, pas de traces de sperme, les termes choisis sont soft.
Mais Marianne a déjà versé dans le trash et la vie privée, et Macé-Scaron, le journaliste qui copie et conspue ses confrères, a oublié de le préciser : c'était la Une du magazine du 20 août. Sous le titre "Le mystère des femmes cavaleurs", Marianne avait eu la bonne idée de poser la question centrale des affaires DSK : "Pourquoi une femme intelligente, indépendante et riche, dont les yeux bleu piscine ont fait fantasmer plusieurs générations de téléspectateurs, reste-t-elle avec un homme qui la trompe à la moindre occasion ?". Oui, c'est vrai ça, Anne, pourquoi ? S'ensuivaient de nombreuses pages sur l'adultère avec des témoignages croustillants de femmes évoquant "une vraie jouissance à être trompée". |
Sans oublier le magnifique trombinoscope pédagogique sur toutes ces femmes qui "ont assouvi la soif de sexe de Dominique Strauss-Kahn".
Un vrai numéro collector qui n'a pas eu le droit de cité dans l'article de Macé-Scaron.
L'occasion de vous replonger (au choix) : dans les frasques littéraires et journalistiques de Macé-Scaron, ou dans celles de DSK.