Macé-Scaron, plagiat et "intertextualité"

Sébastien Rochat - - 0 commentaires

On n'avait rien compris, comme d'habitude. Ce n'était pas du plagiat, mais de l'"intertextualité". La nouvelle ligne de défense de Joseph Macé-Scaron - qui a recopié des passages d'un livre de Bryson dans son roman Ticket d'entrée - est reprise par un certain nombre de ses confrères. Une argumentation qui fait doucement rigoler Télérama.



Pas facile de suivre la défense de Jospeh Macé-Scaron à propos du plagiat du livre de Bryson. Lundi, interrogé par @si, il parlait de "connerie", le lendemain, à l'AFP, il préférait parler d'"emprunt" et d'"intertextualité". Alors, "le plagiat de Macé-Scaron, “intertextualité” ou “connerie” ?"s'interroge Telerama.fr qui constate que ce "débat faitrage depuis deux jours sur le Net, dans les médias et le monde littéraire".

Pour répondre à cette question, les journalistes de Télérama, Emmanuelle Anizon et Erwan Desplanques, suggèrent non sans ironie de piocher dans le livre de Macé-Scaron : "page 57, Joseph Macé-Scaron cite Paul Léautaud, (en donnant son nom, cette fois, tradition... « respectable ») : « La sincérité c'est bien à l'égard de soi-même, à l'égard des autres c'est sans intérêt ». On trouve aussi : « Sache que les hommes sont ce qu'est leur époque » (Shakespeare, page 205), ou encore : « C'est dans les siècles les plus dépravés qu'on aime les leçons de la morale la plus parfaite. Cela dispense de les pratiquer » (Rousseau, page 317). Et Telerama de conclure : "En attendant les suites de ce plagiat, pardon, de cette « connerie », euh, non, cet « emprunt », enfin bon, de « l'intertextualité », Macé-Scaron peut être tranquille : « Après une bonne querelle, on se sent plus généreux et plus léger qu'avant » (Cioran, page 9)".

 

Cet article de Telerama.fr fait suite à plusieurs tribunes prenant la défense de Macé-Scaron et reprenant l'argument-qui-tue de l'intertextualité. Sur Slate.fr, le journaliste de Libération, Quentin Girard, défend Macé-Scaron en évoquant le "jeu de l'intertextualité" et des questions plus pratiques : "Accumuler les astérisques, les guillemets et les notes de bas de page risqueraient surtout de rendre la lecture indigeste". Une question de bon sens effectivement. Sur Le Plus du Nouvel Obs, le chroniqueur Bruno Roger-Petit démonte "l'accusation de plagiat contre Macé-Scaron en une leçon" en expliquant que "l'auteur de "Ticket d'entrée" n'est pas un plagiaire, mais un joueur et amoureux de littérature à qui l'on fait un mauvais procès". Un amoureux de la littérature ? On dirait du Giesbert dans le texte à propos du plagiat de PPDA.

Du côté de la maison d'édition Payot (qui édite l'auteur plagié), on s'étonne de cette ligne de défense. "Venant de quelqu'un dont le rôle est de défendre les textes et les auteurs, cet exercice de copier-coller est, disons, très surprenant. Et parler de "connerie" est une explication un peu courte", déclare Benoîte Mourot, la directrice générale de la maison d'édition, interrogée par Le Monde. Peut-être faudrait-il de nouvelles explications de la part de Macé-Scaron ? Ce ne sera pas pour tout de suite selon le quotidien : "contacté par Le Monde, Joseph Macé-Scaron n'a pas donné suite à notre demande d'entretien". Fin de citation.

"Connerie" ou "intertextualité" ? Faites-vous une idée en vous replongeant dans notre enquête.

Lire sur arretsurimages.net.