Plagiats Macé-Scaron : le feuilleton continue (Slate)

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La traque aux plagiats de Joseph Macé-Scaron se poursuit. Slate.fr a déniché cinq nouvelles citations (mais n'en cite que quatre en titre), allègrement recyclées par le directeur du Magazine littéraire dans certains de ses éditos.

Joseph Macé-Scaron (coiffé de sa casquette de journaliste, cette fois, et non d'écrivain) aurait-il mis les pieds dans le plagiat encore plus loin qu'il n'y paraissait ? Vincent Glad, du site Slate.fr, a dû éplucher nombre d'articles du journaliste-chroniqueur-écrivain pour le prouver. Il exhume quelques passages aux similitudeseffectivement douteuses (mais pas forcément toutes coupables).

Rappelez-vous, le 22 août, @si et Acrimed avaient révélé que Macé-Scaron, dans son romanTicket d'entrée, avait repris, presque mot pour mot, quelques passages du livre American rigolos de Bill Bryson. L'auteur a évoqué de multiples motivations littéraires pour se disculper, et ses soutiens font preuve d'une belle inventivité sémantique. Mais ce fut bientôt le tour de ses autres livres, puis de ses articles, d'être la cible d'accusations de plagiat. Ce n'est donc pas fini.

Selon Slate, dans le Magazine Littéraire du 24 novembre 2010, Macé-Scaron a repris un passage du Précis de décomposition de l'écrivain Emil Cioran, mais en montant l'extrait à l'envers. Nommé auparavant dans l'article pour une courte citation, Cioran n'est pourtant pas crédité de ce long passage évoquant la "résignation d'automate" de certains écrivains. La définition qu'en donne Macé-Scaron est pourtant identique, à quelques mots près, à celle de Cioran: "Affecter un semblant de ferveur et en rire secrètement; ne se plier aux conventions que pour les répudier en cachette; figurer dans tous les registres; sauver la face alors qu’il serait si important de la perdre..."

Même procédé pour un article du 27 janvier 2011, où Macé-Scaron reprend, sans le citer, un long paragraphe tiré d'un billet du blog de Patrick Sultan, agrégé de lettres classiques, qui faisait le compte-rendu d'un livre du philosophe Jean-François Mattéi. Bien que le texte soit retravaillé par synonymes, ellipses ou périphrases, on y retrouve notamment cette phrase, identique (et très reconnaissable): "Cette ardeur éveille à l'éthique; le démon de l'indignation est une ouverture au Bien comme l'étonnement est le premier moment du savoir ontologique."

Les autres extraits de la prose du journaliste ciblés par Slate nous semblent moins directement accusateurs pour lui. Macé-Scaron a ainsi repris une idée émise dans une interview qu'il avait lui même menée avec Alain Finkielkraut, dans Le Figaro en 2002. Il s'est inspiré d'une citation du philosophe pour écrire trois phrases. Enfin, deux citations, qui pourraient être considérées comme des clins d'oeil, sont reprises à l'identique dans d'autres articles : l'une piquée à Jean Giono, l'autre à Maurice Maeterlinck.

Certains traquent la copie, d'autres s'en donnent à coeur joie en se lançant dans des parodies. Ainsi Sébastien Fontenelle, sur son blog de Politis, invite à découvrir "en exclusivité mondiale la première page du nouveau roman de Joseph Macé-Scaron", décalque modernisée de Voyage au bout de la nuit de Céline.

Encore une occasion pour Macé-Scaron de venir s'expliquer sur un plateau ? Le premier passage avait été (presque) réussi...

(par Julien Lagache)

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