Karachi : piste rétro-commissions seule "crédible" (juge)

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Un an après, le juge persiste et signe.


Le 18 juin 2009, le magistrat antiterroriste Marc Trévidic relançait l'intérêt autour de l'attentat de Karachi, qui a fait quatorze morts, dont onze Français, sur un chantier de construction de sous-marins en 2002. Il annonçait alors aux familles des victimes que l'attentat pourrait être lié à l'interruption du versement de commissions sur des ventes d'armes aux Pakistanais. Il pensait à l'époque que des commissions pourraient être retournées en France, sous forme de rétro-commissions destinées à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur de 1995.

Une fois élu, Jacques Chirac aurait gelé cette source de financement de son rival, ce qui aurait débouché sur l'attentat de 2002.

Aujourd'hui, Trévidic a confirmé l'existence de "rétro-commissions illicites" en marge du contrat de vente de sous-marins au Pakistan, a indiqué à l'AFP M° Olivier Morice, l'avocat des familles de victimes, à l'issue d'une réunion avec le juge. L'an dernier, le juge avait qualifié la piste de "cruellement logique". Un an plus tard, cette "piste financière" lui semble la seule "crédible", a rapporté Me Morice.

Rapportant les termes du juge d'instruction, l'avocat a laissé entendre que Nicolas Sarkozy, à l'époque ministre du budget de Balladur puis directeur de sa campagne, connaîtrait "parfaitement les motifs qui ont conduit à l'arrêt du versement des commissions", a dit Me Morice.

Le juge a par ailleurs déploré "le fait qu'il était seul, qu'il manquait de moyens pour enquêter", selon Morice, et "regretté l'absence de moyens donnés pour faire éclater la vérité et notamment un certain manque de coopération de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, née de ma fusion de la DST et des Renseignements généraux, ndlr)". Trévidic entre donc ouvertement en guerre contre sa hiérarchie, qui le surveille de près, comme il l'avait confié avec une rare franchise sur notre plateau en novembre.

Magali Drouet, à la tête du collectif des familles de victimes, qui est aussi venue sur notre plateau, en juin, a saisi l'occasion pour critiquer l'autre magistrat travaillant sur le dossier, Yves Jannier : "Le juge Trévidic nous a expliqué qu'Yves Jannier ne croyait pas à la thèse d'un mobile financier pour expliquer l'attentat, et que par conséquent il avait décidé de ne pas travailler sur cette thèse. Il y a deux juges mais il y en a un dont on se demande ce qu'il fait là." Elle a également regretté également l'absence du procureur de Paris, Jean-Claude Marin, qui a publié cette semaine un communiqué assurant que les faits sont prescrits.

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