Placement produit : films fumeurs (Canal+)

La rédaction - - Publicité - 0 commentaires


Quel est le point commun entre Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Quartier V.I.P et le film Ouf ? La marque Gauloises blondes a été "placée" illégalement dans ces trois films français. L'enquête "Tabac, nos gosses sous intox", diffusée le 17 avril sur Canal+, dénonçait ces pratiques secrètes entre le cinéma et l'industrie du tabac.

La publicité pour les cigarettes est interdite en France, mais les marques la détournent au cinéma en associant les cigarettes à de célèbres acteurs comme Mathieu Kassovitz ou Monica Bellucci. Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Quartier V.I.P et le film Ouf ont tous introduit illégalement des Gauloises blondes dans certaines scènes, en ayant recours au placement de produit. Cette stratégie marketing consiste à afficher le produit vanté dans un film ou une émission.

"Tabac, nos gosses sous intox", une enquête de Canal+ diffusée le 17 avril, dénonçait l'existence de contrats secrets entre l'industrie du cinéma et celle du tabac. Ces accords permettent, en partie, le financement d'un film. Selon cette enquête, la Seita (Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes) a même été jusqu'à engager des spécialistes du placement de produit afin de faire la promo cinématographique des Gauloises blondes.


Dans le film Agents secrets avec Monica Belluci, mais surtout dans le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, les Gauloises sont particulièrement présentes. Dans une scène, Mathieu Kassovitz court après Amélie avec un sac plastique bleu à l'image de la marque. Cela ne figurait pas dans le story board de base. Les Gauloises se retrouvent également sous différentes formes dans un bar. La société "Marques et films" engagée par la production a même proposé d'installer un comptoir Gauloises blondes, selon les propos d'un membre de l'équipe de tournage, enregistré par Canal+ dans une conversation au téléphone.

Quartier V.I.P: Sur ce film, le poids du placement de produits est très important. En effet, selon plusieurs membres de l'équipe de tournage, le film aurait été difficilement financé sans ce recours au placement des Gauloises. L'enquêteur Paul Moreira a recueilli ces témoignages par téléphone en modifiant les voix des témoins. "C’est la prod’ qui a embauché une société pour rechercher des contrats pub’ avec des marques”, raconte l'un d'eux. Une employée de la société de démarchage confirme que la Seita a bien payé. Le scénario s’en est même trouvé modifié pour avoir “des scènes susceptibles de convenir au fabricant“, selon une publicitaire de la société de placement qui a témoigné à visage caché. En effet, dans une scène, une buraliste devait dire "Mais qu'est ce qu'il fait Monsieur Brozek?". A la place, elle a dû dire "Mais qu'est ce qu'il fait Monsieur Gauloise?".

Ouf: La Seita a également oeuvré dans le film Ouf de Yann Coridian sorti en 2013, qui suit un quadragénaire dépressif... Là aussi, l'acteur principal fume des Gauloises blondes. Le placeur d'une jeune société chargée de ce film confirme devant la caméra que la Seita a bien envoyé des paquets de Gauloises blondes à la production, sans contrepartie financière. La Seita n'a répondu à aucun mail ni appel des enquêteurs à propos de ces opérations clandestines.

Lire aussi notre enquête sur le placement de produits dans les séries télé

Par Sonia Proharam

Lire sur arretsurimages.net.