Plagiat : et maintenant Rama Yade (Marianne 2)
La rédaction - - 0 commentairesLe club des plagiaires s'agrandit. Après Macé-Scaron, de Carolis ou PPDA, c'est au tour de Rama Yade d'être accusée de plagiat. Selon Marianne 2, dans son dernier livre Plaidoyer pour une instruction publique (Grasset), l'ancienne secrétaire d'Etat a recopié à plusieurs reprises des extraits de textes de Jean-Michel Muglioni, un professeur de philosophie qui publie sur le site mezetulle.net des analyses sur la crise de l'école. Contactée par Marianne 2, Yade a récusé le terme de plagiat et plaidé l'erreur de forme et un problème de bibliographie. A moins que ce ne soit de "l'innutrition" ou de "l'intertextualité" ?
l'ancienne secrétaire d'Etat a recopié à plusieurs reprises des extraits de textes de Jean-Michel Muglioni, un professeur de philosophie qui publie sur le site mezetulle.net des analyses sur la crise de l'école. Contactée par Marianne 2, Yade a récusé le terme de plagiat et plaidé l'erreur de forme et un problème de bibliographie. A moins que ce ne soit de "l'innutrition" ou de "l'intertextualité" ? |
En découvrant les bonnes feuilles du livre de Rama Yade, Plaidoyer pour une instruction publique dans Marianne, Jean-Michel Muglioni, professeur et vice-président de la Société française de philosophie, s'est rendu compte que des passages de ses textes, diffusés sur le site mezetulle.net, avaient été recopiés : "Il n’est pas seulement question d’un mot, d’une expression ou d’une tournure… mais de phrases entières qui ont été recopiées mot pour mot, sans guillemets !", a-t-il assuré à Marianne 2.
Catherine Kintzler, professeur de philosophie et responsable du site mezetulle.net, a repéré différents passages qui ont été recopiés.
Page 64 du livre de Yade : "L'image de la règle signifie qu'au lieu de suivre les fluctuations de l'âme, on se donne une direction et que l'on s'y tient. Cette contrainte est libératrice, car les pensées abandonnées à elles-mêmes, sans règle, ne sont pas libres. Et ce moment libérateur ne peut être vécu sans douleur, alors qu’il est doux de demeurer esclave (...) Prétendre comme certains psychologues officiels que le temps d'attention de l'enfant est très limité est aussi absurde qu'ignorer que l'entraînement permet à tout homme de courir de très longues distances ". |
Ces trois phrases sont extraites d'un article de Jean-Michel Muglioni intitulé "L'éducation par l'instruction" et mis en ligne le 25 juin 2009.
"L’image de la règle signifie qu’au lieu de suivre les fluctuations de l’âme, on se donne une direction et qu’on s’y tient. Cette contrainte est libératrice, car les pensées abandonnées à elles-mêmes sans règle ne sont pas libres (...) Le moment libérateur ne peut être vécu sans douleur, alors qu’il est doux de demeurer esclave", peut-on lire dans le 2ème paragraphe. Et au paragraphe 3, Muglioni ajoute que "prétendre comme certains psychologues officiels que le temps d’attention de l’enfant est très limité est aussi absurde qu’ignorer que l’entraînement permet à tout homme de courir de très longues distances". Un copier/coller complet donc. La source de Rama Yade |
Page 95 du livre de Yade : "N'est-ce pas Maurras qui disait qu'il faut être bourgeois pour apprécier Racine ? Il y a quelque chose de maurrassien dans cette attitude qui consiste à interdire l'accès à la littérature française à des enfants dont les ancêtres ne sont pas français ou bourgeois".
Et que peut-on lire dans un autre article de Jean-Michel Muglioni intitulé "L'école refusée : reflet de la société" et mis en ligne le 23 juin ? "Selon Maurras, il faut être bourgeois pour apprécier Racine : attitude maurrassienne donc, celle qui consiste, sous couleur de liberté, à interdire l’accès à la littérature française à des enfants dont des ancêtres ne sont pas français". La deuxième source de Rama Yade |
D'après Marianne 2, on retrouve des paragraphes identiques "à six reprises". Contactée par le site internet, Rama Yade ne s'est pas démontée et a récusé le terme de plagiat. Selon elle, il s'agit d'une erreur de forme et d'un problème de bibliographie. Elle aurait cité un livre de Catherine Kintzler (responsable du site mezetulle.net) en pensant qu'elle était l'auteur des textes publiés sur son site. Une version qui ne tient pas vraiment la route puisque dans sa bibliographie, Yade n'a cité qu'un seul livre de Kintzler, paru en 1984. Alors comment expliquer cet oubli de guillemets et de sources ? Yade a réponse à tout et "justifie son choix en rappelant qu'elle n'a cité aucun site internet, ajoutant qu'il devient impossible de sourcer chaque article publié sur internet", explique Marianne 2. Une défense qui n'a pas vraiment convaincu le professeur de philosophie, qui a envoyé une lettre aux éditions Grasset pour demander le retrait pur et simple du livre.
Un nouvel élément à copier dans notre dossier "Edition, media, critiques : le pacte infernal".