Influenceurs, influenceuses : "Les institutions se sont réveillées très, très tard"

La rédaction - - Publicité - Scandales à retardement - 23 commentaires


Enfin ! Après des années d'apathie, les parlementaires préparent une loi pour encadrer le travail des influenceurs et des influenceuses, rattrapé·es ces derniers mois par la patrouille journalistique. Complément d'enquête (France 2), Mediapart, le Parisien, les Jours ont levé une partie du voile sur les activités de ces panneaux publicitaires d'un nouveau genre, suivis par des millions de fans, réceptifs à leurs conseils de vie… et d'achats. Au milieu des produits cosmétiques, des boissons amincissantes et des vêtements, certain·es se lancent dans des marchés beaucoup moins légaux : publicité pour de la chirurgie esthétique, des produits financiers douteux, ou encore des sites de trading qui ressemblent à s'y méprendre à de gigantesques pyramides de Ponzi. 

Si les médias s'y mettent désormais largement, ça n'a pas toujours été le cas. Derrière l'aveuglement face au pouvoir de l'influence, il y sans doute une part de mépris et d'incompréhension face à un monde qui a ses propres règles, ses propres stars et ses propres scandales. Alors, est-ce la fin d'un far west ou d'un eldorado, selon le point de vue qu'on adopte ? Pour en discuter, nous recevons Khedidja Zerouali, journaliste à Mediapart et autrice de plusieurs enquêtes sur le monde de l'influence ; ainsi que Marjolaine Koch, journaliste indépendante qui signe pour les Jours une série sur les influenceurs. 

La téléréalité… sort de la télé

Suivis par des milliers, voire des millions de fans, les influenceurs doivent maintenir en haleine leur public. Une donnée bien intégrée par les agences, comme l'explique Marjolaine Koch : "On leur explique qu'ils doivent profiter de leur audience sur les réseaux sociaux pour continuer leur télé-réalité en dehors du petit écran, et injecter de la publicité."

Les jeunes précaires, premier public des influenceurs

En faisant miroiter des gains faciles et une vie de rêve (souvent exportée à Dubaï), les influenceurs, notamment le couple Blata, adepte des conseils douteux en trading financier, attirent un public souvent en mal de réussite sociale, rappelle Khedidja Zerouali : "Ce sont particulièrement les jeunes des quartiers populaires qui sont visés par Marc et Nadé Blata dont ils estiment qu'ils sont la cible du copy trading."

Les autorités ont-elles les moyens de réagir ? 

Face à certaines dérives, que peut l'État ? Alors qu'une loi est en préparation, Marjolaine Koch rappelle que les autorités compétentes, comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), sont largement sous-dotées. Alors, elles préfèrent faire des exemples, comme avec Nabilla, condamnée en 2021 pour un post daté… de 2018 : "Le temps de l'enquête est long. Les contrôles rament pour arriver à suivre le mouvement. Pour les enquêteurs c'est très compliqué, et les moyens ne sont pas mis, très clairement."

Pour aller plus loin

- La série des Jours sur les influenceurs, signée Marjolaine Koch.
- Les enquêtes de Khedidja Zerouali dans Mediapart sur le couple Blata, les arnaques au CPF ou les méthodes de Booba
- Le projet de loi d'encadrement du métier d'influenceur. 
- Notre enquête sur la tribune des influenceurs (que beaucoup ont fini par renier, expliquant ne l'avoir même pas lue avant de la signer), et la récente chronique de Vincent Manilève.
- Notre dossier complet sur le merveilleux mondes des influenceurs.

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