Concentration des médias : "On est rentrés dans un cercle vicieux"
La rédaction - - 47 commentairesTélécharger la video
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Pourquoi faut-il absolument freiner Vincent Bolloré, dont la retraite annoncée depuis de nombreuses années n'est visiblement plus à l'ordre du jour ? Et comment procéder pour que ce symbole vivant des conséquences délétères de la concentration des médias ne parvienne pas à aller au bout de ses ambitions ? Cette semaine est sorti dans les salles le documentaire Media Crash, qui a tué le débat public ?, de Mediapart et Premières lignes. En parallèle, des médias et de nombreuses personnalités (dont Daniel Schneidermann) mettaient en place l'initiative "Stop Bolloré", composée d'une saisine de l'Arcom (ex-CSA) et de plusieurs plaintes au pénal. Sur notre plateau cette semaine : la journaliste de Mediapart et coréalisatrice du film Valentine Oberti, l'avocat Arié Alimi, le fondateur d'Off investigation Jean-Baptiste Rivoire, l'économiste des médias Julia Cagé, ainsi qu'Agnès Rousseaux, directrice de Politis
et co-coordinatrice de Basta!
.
Voici quelques extraits de notre émission :
Une loi de 1986 "légèrement amendée"
Vincent Bolloré possède maintenant Canal+, le JDD
, Paris Match
, le groupe de magazines Prisma et bientôt la majeure partie du secteur de l'édition. Est-il hors-la-loi au regard de la loi sur la concentration dans les médias ? Julia Cagé pointe que celle-ci n'a été que "légèrement amendée" depuis sa création en 1986, et plutôt sous la pression des grands groupes en faveur d'une dérégulation, le tout sans même intégrer internet. "On est rentrés dans un espèce de cercle vicieux : plus vous avez des médias concentrés, plus vous avez des médias puissants, plus les politiques ont peur de s'attaquer à ces médias-là, donc moins ils vont mettre en œuvre des politiques qui vont viser à les affaiblir."
Mainmise sur les manuels scolaires ?
L'autocensure dans l'édition n'est-elle pas encore plus à craindre que des censures directes, à l'instar de la résiliation du contrat d'édition du journaliste Quentin Girard, que la maison Plon (Editis) a préféré rompre plutôt que de publier son livre-enquête sur Éric Zemmour ? "Cette mécanique sera beaucoup moins secrète lorsqu'il aura acquis Hachette et une grande partie des maisons d'édition", estime Arié Alimi. Lui s'inquiète encore plus de la mainmise du milliardaire sur une grande partie des manuels scolaires : "Avec les manuels scolaires, on peut transformer les esprits de demain."
Bolloré : un combat au fond religieux
Face à la photo de Vincent Bolloré et de ses enfants célébrant les 200 ans du groupe familial et la "retraite" de Bolloré, Arié Alimi rappelle que le combat du milliardaire, avant d'être capitaliste, est religieux.
Pour aller plus loin :
- Initiative "Stop Bolloré".
- "Rapprochement Editis-Hachette Livre : Bolloré provoque un séisme dans l'édition française", publié le 27 janvier 2022 dans le Monde.