Retour sur quelques folies made in US

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 149 commentaires

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Dès l'annonce de la mort de Ben Laden, des montages photos sont apparus sur le Net

, raconte Corine Lesnes, correspondante du Monde à Washington. On y voit Obama, souriant, derrière des lunettes de soleil d'apparent dilettante. "Désolé que ça ait pris si longtemps pour trouver mon acte de naissance, j'étais occupé à tuer Ben Laden". Même les éditorialistes chéries des "Tea Parties", Glenn et Limbaugh, comme le rapportent les correspondants de Libé à Washington, ont dû avaler leur chapeau et faire l'éloge d'Obama. Et pour autant qu'on le sache, même les Républicains n'exploitent pas (pas encore ?) le fait que les aveux ayant permis de localiser Ben Laden ont été obtenus par "waterboarding", torture consistant à suffoquer la victime par immersions répétées.

Un petit retour sur la semaine dernière donne une idée singulière d'une certaine dinguerie américaine. Ce harcèlement d'Obama, pour qu'il produise son acte de naissance. Ces éditorialistes radio, ces téléchroniqueurs de Fox News, ces auteurs de best-sellers, acharnés à débusquer le faussaire, l'étranger, le traître, l'apatride Obama. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais j'ai l'impression que nous n'en avons, ici en Europe, qu'une relation atténuée. Compte tenu de la surmédiatisation habituelle de tout phénomène "made in US'" (une victime d'intempérie américaine a droit à dix fois, cent fois plus de surface médiatique, qu'une victime d'intempérie africaine), il me semble tout de même que cette dinguerie-là, celle des "birthers" dont nous parlait Gilles Klein l'autre jour, celle des "Tea parties", est largement, elle, sous-médiatisée en Europe. Nous n'en prenons pas la mesure. Elle n'apparaît qu'incidemment, en creux, assourdie, par exemple dans ces micro-trottoirs effectués à Manhattan après la mort de Ben Laden, exprimant curieusement la "guérison" ou le "soulagement".

Pourquoi ? Parce que la plupart des correspondants étrangers sont basés dans le chaudron de Washington, où les échos de cette dinguerie n'arrivent qu'assourdis, ou bien à Los Angeles, où l'on ne pense qu'aux films qu'on pourra éventuellement en faire ? Peut-être. Parce que ces mêmes correspondants ne sont pas de ce bord-là, et que cette folie leur répugne ? Peut-être encore. Parce qu'elle leur semble tellement habituelle, cette folie, qu'ils en sont comme immunisés ? Parce que la première puissance mondiale ne saurait être peuplée d'un quart ou d'un tiers de dingues ? Peut-être aussi. Allez savoir...

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