Notre petite entreprise
Daniel Schneidermann - - La vie du site - 144 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Les voilà enfin ! Les comptes de notre exercice 2008 sont enfin clôturés.
Cela a pris du temps. Il a fallu retrouver jusqu'à la dernière facture de boulangerie. Mais c'est fait. Vous trouverez ci-dessous, en document attaché le bilan, et les comptes de résultats de notre site. Ceux qui savent lire un bilan (ce n'est hélas pas mon cas, mais je tente de progresser) régalez-vous, et éclairez-nous de vos commentaires autorisés. |
Le résultat le plus notable, c'est que notre...résultat net de 2008 est bon : 200 000 euros de bénéfice. Nous avons choisi d'en porter la plus grande part en réserve cette année (après versement d'une prime de résultat aux salariés et aux chroniqueurs). Nous allons d'ailleurs conclure un accord d'intéressement avec l'équipe, afin qu'elle puisse profiter de manière pérenne de la bonne santé éventuelle du site (tout en continuant évidemment à mettre des noisettes de côté, pour les mauvais jours). Cet accord s'appliquera à partir du prochain exercice, qui sera certainement, hélas, moins "atypique" que celui de l'année 2008.
Atypique, car ce résultat exceptionnel est dû à une année...exceptionnelle. Dans la foulée de l'émotion suscitée par la suppression de l'émission sur France 5, en 2007, nous avons rassemblé, tout au long de notre première année et jusqu'en décembre 2008, jusqu'à 43 000 abonnés. Tous n'ont pas renouvelé leur abonnement, et nous en sommes aujourd'hui à 27 000. Avantage : ces 27 000 sont certainement plus stables que les 43 000 qui nous avaient soutenus dans l'émotion. Inconvénient : rien ne nous garantit donc à l'heure actuelle, hélas, que les résultats suivants seront aussi bons que celui de 2008, même si rien ne l'exclut, et si nous allons évidemment tout faire pour.
Alors, succès ou bide ? Tout dépend si l'on regarde, comme disent les journalistes, le verre à moitié plein, ou le verre à moitié vide. Côté succès, je maintiens ce que je vous disais en janvier : notre choix initial de ne pas recourir à la pub a été, malheureusement pour les autres, ultra-validé par la crise. De tous les nouveaux sites d'information non adossés à un media traditionnel (les fameux "pure players"), nous sommes le plus proche de la viabilité économique, même si cet horizon radieux n'est pas atteint. 27 000 abonnés, c'est la limite basse de la rentabilité, si l'on ne fait aucune folie (on serait plus à l'aise avec 30 000).
Mais attention, notre pari fou, de créer un media viable financé par ses seuls abonnés, n'est pas gagné pour autant. Pour l'instant, nous ne sommes pas parvenus à crever ce fameux plafond invisible des 30 000 abonnés. Et tant que nous n'y parviendrons pas, nous resterons sur le fil du rasoir.
Comment crever ce plafond invisible ? Une première réponse est simple : nous faire connaître. Combien d'anciens télespectateurs croisé-je encore dans la rue, qui ignorent l'existence du site. Mais tous les moyens ne sont pas efficaces. Le parrainage de nouveaux abonnés s'est pour l'instant révélé décevant. Un millier seulement de parrainages proposés par des abonnés, dont seulement une centaine se sont transformés en abonnés. Pourquoi ? Je vous avoue que je ne le sais pas. Si certains "parrains" ont des lumières...
Nous comptons beaucoup sur les abonnements collectifs des établissements scolaires, dans la foulée de la semaine de la presse à laquelle nous avons participé avec le CLEMI. Mais nous n'en verrons les résultats qu'à la rentrée, les CDI ayant des créneaux fort étroits, dans l'année scolaire, pour souscrire de nouveaux abonnements.
La chaîne arretsurimages.tv connait pour l'instant des débuts modestes (2000 abonnés environ), mais je continue d'y croire. Ses abonnés sont ultra-satisfaits. Elle a plutôt bonne allure, en ce printemps, avec ses deux nouvelles émissions, D@ns le texte, et Ligne j@une, qui commencent à constituer l'embryon d'une véritable grille. Il faut donc, elle aussi, la faire connaître. Et frapper à la porte d'autres fournisseurs d'accès que Free, ce à quoi nous allons nous employer.
Nous faire connaître de nouveaux abonnés ne suffira pourtant pas. Encore faudra-t-il les convaincre, et...les conserver. Le titre de l'article de Libé qui nous était consacré l'autre semaine, dit que nous cherchons à "fidéliser nos abonnés". C'est une bonne manière de voir les choses. Notre ennemi, c'est l'infidélité congénitale de l'internaute. Il va, il vient, il butine. Il s'absente pour de longs mois, sans que l'on sache où il est parti. Puis il revient, sans que personne sache pourquoi. Pourquoi donc s'attacherait-il un fil à la patte en payant un abonnement, puisqu'il n'est pas certain de rester ? Voilà notre mouvante réalité. Nous n'avons pas fini de tâtonner. Mais c'est ce qui fait le sel de l'aventure.
BONUS :