Guerre des images : la liste Haïm
Daniel Schneidermann - - Coups de com' - Obsessions - 122 commentaires
Dans la guerre des images et de l'attention, un ennemi guette en permanence, c'est l'oubli. Chaque jour éloigne l'horreur du 7 octobre, tandis que l'horreur gazaouie est quotidienne. Pour que demeurent le plus longtemps possible les images des kibboutz martyrs et de la rave party, Israël a monté quarante-huit minutes de son, de photos et de video, qu'il a montré à la presse internationale, avec interdiction d'enregistrer. Une association, le KKR, a aussi organisé et financé fin octobre un voyage de presse, comme Loris Guémart le raconte ici.
Débutent maintenant, pour le montage d'images, des projections internationales de l'horreur. Le montage faisait hier étape à Paris, pour une partie de la presse française. Je n'étais pas convié. L'aurais-je été que je pense que j'aurais décliné. Je sais ce qu'on y voit. Libération
l'a décrit le plus précisément possible. C'est là. Je l'ai lue entièrement. Je ne reproduis pas, je ne recopie pas, je ne résume même pas, mais il est bon que cette description existe, pour qui souhaite la lire
. Voir et savoir, distinction essentielle, vieille histoire. Je ne souhaite pas particulièrement me préserver, j'en ai vu d'autres, des horreurs, et en vrai. Il ne me choquerait pas non plus que ces images soient en accès libre, sans reproduction possible, si c'était possible techniquement. Je refuse simplement qu'on force mon consentement.
Certes Israël n'oblige personne. Mais d'autres s'en chargent pour lui. Vit à Paris une journaliste freelance nommée Laurence Haïm, ancienne correspondante de Canal+ aux USA, et revenue ā une forme de journalisme après un détour par l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron. Vous l'avez sans doute vue sur un plateau ou l'autre. Elle s'est rendue à la projection. Et s'est fixé mission de lister les journalistes qui y assistaient. Je ne reproduis pas davantage cette liste que je ne décris les images. Vous pouvez la lire. Elle s'étend sur plusieurs tweets, car Laurence Haïm, dans le feu de l'action, a d'abord oublié certains présents, qui lui ont sans doute signalé leur présence. Honnêtement, professionnellement, elle a rajouté les noms.
Europe 1
a envoyé à Laurence Haïm un mot d'excuse : ils avaient déjà assisté à la projection à Jérusalem. Honnêtement, professionnellement, elle l'a rajouté. Il ne faudrait pas que Europe 1
soit accusée d'indifférence. Laurence Haïm a publié aussi une liste noire, celle des médias qui n'ont envoyé personne à la projection (liste noire qui a aussi donné lieu à des rectifications, certains médias ayant fait valoir qu'ils étaient représentés). Je dis "liste noire"
, mais Laurence Haïm ne fait pas de commentaire. C'est une journaliste parfaitement factuelle, à l'américaine. Du coup, je n'en ferai aucun non plus. Restons factuels.
PS : message personnel ā Elisabeth Lévy, de Causeur
, qui m'a bombardé hier soir de textos d'amabilités scatologiques après avoir été citée comme participante au voyage tous frais payés en Israël dans l'enquête de Loris Guémart : je ne suis plus rédacteur en chef du site depuis plus de trois ans. Shalom.