Retraites : l'objectivité selon TF1

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 56 commentaires

Admirez ce tapis, Mesdames Messieurs ! Admirez ses couleurs chatoyantes. Touchez : c'est de la laine peignée des hauts plateaux du Cachemire. Foulez-le aux pieds, ne craignez rien, voyez son moelleux, ses finitions. Un savoir-faire millénaire chez vous, en votre intérieur. Il est pour vous. Mais pas de panique : vous ne serez pas obligés de le déployer avant 2035, ou 2037. 

Ils ont beau faire, ils ont beau faire donner les perroquets de l'info continue, l'éternel Alain Duhamel en tête (avant un virage sur l'aile, après quelques heures de réflexion) le discours est vicié à la base. Edouard Philippe peut bien bonimenter à l'avant-scène, de derrière les rideaux dépassent les griffes des vendeurs de complémentaires retraite, et frétillent les appétits de BlackRock et des autres. Et tintent dans la fosse les poches pleines de Delevoye !

D'autres, partout, souligneront les coutures trop visibles du beau tapis. Comment la "retraite minimum" de 1000 euros est un cadeau en trompe-l'œil. Comment les générations seront impactées non pas à partir de la "génération 75", mais de la génération 59. Comment se profile un chantage aux profs.

Hier soir, avant de recevoir Edouard Philippe pour la session repêchage, après le fiasco des annonces, le 20 Heures de TF1 allait solliciter les traditionnelles réactions au plan annoncé à la mi-journée. Les pour, et les contre. Objectivité parfaite. Il y avait d'abord les pour :

Et puis ensuite, les contre. 

Mais regardons bien. Les pour (ou les inquiets) sont des passants, des Français interrogés sur leur lieu de travail, ou en leur intérieur douillet. Les contre ("les syndicats ont réagi tous négativement", dit Gilles Bouleau) sont une meute hurlante, à peine humaine, qui se chauffe au brasero. Les "pour" soupèsent individuellement les avantages qu'ils retireront de la réforme. Les "contre", braqués, hurlent en meute. Si ça ne marche pas, ce ne sera pas de la faute de TF1 !

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