Le cobaye Dray

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 39 commentaires

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Parmi les créateurs juridiques les plus imaginatifs



 
de notre époque, on ne salue pas assez le procureur de Paris, Jean-Claude Marin. Depuis six mois, il justifie la procédure de "l'enquête préliminaire" dans l'affaire Julien Dray, en expliquant sans rire que cette procédure permet d'éviter les fuites. "L'enquête préliminaire", à en croire le procureur, serait donc cette trouvaille miraculeuse qui permettrait aux investigations de se dérouler en toute discrétion. On espère que Dray apprécie comme il convient ce souci de discrétion. L'opinion publique sait désormais tout de sa passion horlogère, des prêts sans intérêt consentis par ses proches, et de la manière dont il les a remboursés, à moitié, aux trois quarts, ou à la Saint Médard. On se demande avec horreur ce qu'il en aurait été sans "enquête préliminaire".

Marin vient aujourd'hui de proposer que les éléments du dossier soient transmis aux avocats de Dray, après l'été. Admirons sa mansuétude : la loi ne le prévoit pas. Mais Marin anticipe la prochaine loi, et la suppression du juge d'instruction, qui accordera de nouveaux pouvoirs aux procureurs, nommés par le pouvoir. Comme l'explique benoitement Le Figaro, l'affaire Dray constitue "un test pour la réforme de l'instruction".

Que ne l'a-t-on dit plus tôt ? C'était donc un test ! Un essai grandeur réelle, qui ne semble pas avoir convaincu l'intéressé : "on invente le droit heure par heure", s'est plaint Dray. Allons, Julien Dray ! N'aggravez pas votre cas. Et soyez fier de servir votre pays, en contribuant depuis près d'un an à cette avancée spectaculaire de la procédure pénale, de la présomption d'innocence, et des libertés publiques.

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