Contre Trump, l'arme des cacahuètes

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 23 commentaires

Fiasco Merkel, ou fiasco Macron ? La photo du fiasco Merkel est apparue partout, après que Trump a décidé, en deux tweets, de retirer sa signature du laborieux communiqué final du sommet du G7, au Québec. Mais peut-être cette photo, prise par les communiquants de la chancelière allemande, est-elle trompeuse. C'est peut-être Macron (si si, il est aussi sur la photo) qui, à cet instant précis, est en train de s'adresser au personnage assis, comme le suggère une autre photo plus laborieuse tweetée, elle, par Macron. 

De l'importance, pour un photographe, de savoir bien se placer. Mais peu importe. Il se trouve que la photo Merkel dit peut-être une certaine vérité. Je m'explique.

Dans le flot d'analyses qui s'efforcent de répartir les responsabilités du fiasco entre l'irresponsable Trump et le maladroit Trudeau (pour une fois qu'il ne s'est pas excusé, regardez la chronique de Emmanuelle Walter), dans le flot de dépêches consacrées à la menace trumpienne d'élever les barrières douanières devant les voitures européennes importées aux USA (notamment les Mercédès, je vous en parlais ici) je tombe, au fond du fond du fond d'une dépêche, sur ces chiffres : les importations de voitures européennes aux Etats-Unis sont taxées à 2,5 %, tandis que les importations de voitures américaines en Europe sont taxées à 10%. Quatre fois plus. C'est écrit ainsi. Sans explication, sans commentaire. Comme si c'était parfaitement naturel.

Il y a certainement des raisons à ce déséquilibre qui, à première vue, pour le béotien que je suis, semble donner raison à Trump (vous noterez mes précautions oratoires). Certainement. Et des excellentes, je n'en doute pas. Mais personne, au moins dans la presse française, ne semble se donner la peine de rappeler ces raisons à ceux qui aimeraient comprendre.  Rien d'étonnant : s'abstenir, dans la presse d'un pays ou d'un camp, de tenter de comprendre le point de vue de l'adversaire, caricaturer cet adversaire, ça porte un nom : la propagande de guerre. Et nous sommes en guerre. Economique, mais en guerre.

En cherchant bien, je retombe toutefois sur une dépêche AFP de mars dernier. Il faut la lire attentivement.

L'AFP a posé la question de ce déséquilibre à "des sources européennes". Réponses "des sources européennes" : il ne sert à rien de prendre un exemple isolé, il faut considérer les moyennes. Parfait. Considérons donc les moyennes. Si à Bruxelles, on ne nie pas le déséquilibre transatlantique sur l'automobile, on y oppose des déséquilibres inverses, par exemple sur le textile, ou sur les chaussures. Mais pas seulement. Tenez-vous bien : le déséquilibre le plus scandaleux concerne...les cacahuètes. Oui oui, les cacahuètes européennes sont taxées aux Etats-Unis à 164%, contre seulement...1,8% du côté européen. C'est l'argument choc de Bruxelles. Tremble Donald ! Nos représailles sur les cacahuètes seront terribles !

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