Trump : une explication par Mercedes ?

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 14 commentaires

Donald Trump ne veut plus voir de Mercedes sur la 5e avenue de New York. Comment le sait-on ? Il l'aurait confié à Macron, qui l'a répété à je ne sais qui, lequel je-ne-sais-qui l'a répété à on ne sait trop qui. Résultat, la citation sort dans un journal allemand, le Wirtschaftswoche, qui la source de "plusieurs diplomates européens et américains". Nul ne sait si elle est authentique. Disons qu'elle semble vraisemblable, ce qui suffit. Et voilà pourquoi Trump aimerait bien relever les droits de douane de 25% sur les voitures étrangères, à l'entrée aux Etats-Unis.

A partir de cette citation, un développeur américain, Matthew Chapman, construit sur Twitter une brillante et éclairante théorie sur la psychologie trumpienne. "Trump est incapable de faire des deals. Un escroc sans empathie, qui postule que tous les autres sont aussi des escrocs sans empathie. Et tout échange de biens et de services est une escroquerie, avec un escroc et un escroqué. Si vous ne volez pas, vous êtes le volé"

"Ce n'est pas seulement, poursuit Chapman, qu'il ne pense pas que l'Accord de Paris, ou les voitures allemandes aux Etats-Unis, sont une bonne chose pour les Américains. C'est qu'il ne "peut" pas penser ça. Or la plupart des deals sont au bénéfice des deux parties. Voilà pourquoi il ne sera jamais capable de négocier avec le reste du monde. Il ne croit pas aux bénéfices mutuels". Toute cette brillante théorie est re-tweetée par le brillant journaliste allemand Mathieu von Rohr, chef du service économique de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Hebdomadaire dont on voit bien l'intérêt, à rechercher dans la seule psychologie trumpienne des explications à sa politique.

Faut-il souscrire à cette théorie ? Disons qu'elle est séduisante. Et qu'elle peut fournir une clé d'explication aux soubresauts les plus apparemment irrationnels du trumpisme diplomatique. Mais les "deals" dont parle Chapman, et auxquels Trump serait inapte, c'est à dire en substance les accords de libre-échange, bénéficient-ils vraiment "aux deux parties", et notamment aux dizaines de millions de chômeurs de la mondialisation ? Par exemple, bénéficient-ils aux ouvriers américains de Pittsburgh, devant lesquels Trump, voici quelques mois, dévoilait ses intention mercedicides ? Et si la vérité était beaucoup plus simple, à savoir que Trump tient ses promesses, et fait la politique de son électorat ? C'était la suite de notre rubrique, vers ces choses compliquées, tentons de voguer avec des idées simples.


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