Aéroports, autoroutes, et le reste : pouvoir dire stop !

Daniel Schneidermann - - Initiales DS - 19 commentaires

Cette semaine, paraîtra en librairie le petit livre dont vous pouvez voir quelques piles ci-dessous. Ce livre est né de ce site, et particulièrement d'une chronique où j'exprimais la jubilation dans laquelle m'avait plongé une chronique de Dominique Seux, sur France Inter. 

Ce fut le début d'une pathétique aventure : tenter d'inscrire mon nom sur un site gouvernemental paléolithique qui s'obstinait à ne pas me retrouver sur les listes électorales. Je vous en ai raconté le début. A la fin des fins, j'ai réussi à m'inscrire... en me rendant à la mairie de mon arrondissement. C'est à la lecture de cette chronique que Laurent Beccaria, patron des éditions des Arènes, m'a proposé l'idée d'un livre rapide sur le Référendum d'Initiative Partagée (RIP) sur la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP).

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Cette proposition m'a surpris. C'est une chose de réagir de manière intuitive, c'en est une autrede trouver les arguments pour étayer cette intuition, convaincre des sceptiques, ou des novices sur le sujet. D'autant que j'étais totalement novice moi-même sur le sujet du transport aérien, des émissions de kérosène, du business des aéroports, ou du droit des concessions. Comme tout le monde, j'étais incapable de trouver une réponse à la question des partisans de cette privatisation : "Mais enfin, est-ce le rôle de l'Etat de gérer des boutiques de luxe ?"

Planète, biens communs, démocratie

Bref, j'avais toutes les raisons de ne pas faire ce livre. En outre, il fallait l'écrire pendant l'été, pour qu'il puisse être le plus utile possible à la campagne de signatures, et j'avais déjà consacré mes deux étés précédents à mon dernier livre, Berlin 1933. Et puis, écrire un livre ouvertement engagé, dans une question d'actualité hautement polémique, descendre dans l'arène : les journalistes ne devraient pas faire ça ! Bref, ayant toutes les raisons de refuser, j'ai accepté.

Et j'ai découvert un incroyable cas d'école. Planète, biens communs, démocratie : cette question de la privatisation d'ADP concentre tout. Et ça me rend fou de voir que tant de citoyens ne le voient pas, n'en sont pas conscients. 700 000 signatures à la rentrée, c'est bien, mais ce n'est pas assez. Je sais qu'il va falloir aller les chercher loin, les signatures de soutien. Alors j'ai pensé que si personnellement j'arrivais à comprendre les enjeux, et à les expliquer clairement, tout le monde pourrait comprendre aussi. C'est pourquoi nous avons aussi souhaité qu'il y ait, dans Pouvoir dire stop, des dessins. Ça rassure, les dessins, même quand ils sont un peu glaçants, comme  ceux d'Aurel, qui officie notamment au Canard Enchaîné (et vient de consacrer un chouette petit album à "Fanette", une sœur de Greta). 

Je ne me suis pas trouvé en terrain totalement inconnu : j'ai retrouvé les biais médiatiques qu'on s'efforce, jour après jour, de mettre ici en lumière. Par exemple, l'implacable mécanique d'occultation. C'est technique, la privatisation, c'est moderne, et puis il n'y a même pas un tout petit peu d'Islam à l'intérieur : on n'en parlera donc pas. Et si on en parle, c'est pour reprendre les argumentaires des transporteurs aériens, et des aéroports. Mais l'essentiel du livre ne parle pas de médias. Il parle de constitution, de kérosène, de vapeur d'eau, de pacte secret entre un consortium chinois et le gouvernement français, et aussi d'autoroutes, de pompiers, de France Télécom, de La Poste, et de trains de nuit. Car dire stop à cette privatisation, c'est évidemment une manière de dire stop au déclin des services publics, et à la marchandisation du monde.

Voilà. Ne souhaitant pas (trop) mélanger les choses, je ne vous en reparlerai pas (trop) ici -et le site continuera de traiter cette question du RIP avec son impartialité habituelle. C'est sur Facebook que je vous raconterai les suites de l'aventure. 

En attendant, vous pouvez regarder la première édition de "Mauvaise presse", le nouveau club de la presse indépendante du Media. ASI y participera régulièrement. Une demi-heure y est consacrée aux bonnes raisons de Dire stop. J'en suis invité, aux côtés de François Boulo, porte-parole des Gilets jaunes à Rouen, et Pierre Gilbert, du site Le Vent Se Lève.



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