Les Echos : kérosène mon amour !

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 109 commentaires

Contrairement aux apparences, il ne faudrait pas croire que Les Echos ne s'intéressent pas à François Ruffin. Certes, par pudeur, le journal de Bernard Arnault et de LVMH n'a pas dit un mot de l'espionnage dudit Ruffin par LVMH. Mais son activité de député est néanmoins suivie avec une grande attention. La preuve, hier soir, le spécialiste aéronautique du journal, Bruno Trévidic, brocardait sur Twitter la prochaine proposition de loi du pirate-député : interdire les vols domestiques sur des parcours sur lesquels le rail est "substituable", c'est à dire ne fait pas gagner beaucoup de temps (moins de deux heures trente).  Cette proposition de loi, Ruffin la présentera le 3 juin à l'Assemblée.

Je remercie d'abord Bruno Trévidic, sans qui je n'aurais pas entendu parler de cette proposition -j'apprends d'ailleurs au passage que le journal de Dominique Seux fera rempart de son corps aux vols Paris-Bruxelles, ou Paris-Rennes. Sans rire, ça existe ? Et il y a des passagers pour les emprunter ?

La proposition Ruffin n'a évidemment aucune chance d'être adoptée. Depuis dimanche, et le brillant score en France de la liste EELV aux Européennes, on pourrait croire que toute la France est devenue écolo. Je lis ici que la gauche ne se reconstruira qu'autour de l'écologie. Je lis là que Macron considère le vivier écolo comme son prochain terrain de siphonnage. Mais non. Dans la vraie vie, tout le monde n'est pas devenu écolo. Exemple : LREM, dont la liste aux Européennes proposait une taxation du kérosène à l'échelle européenne, n'en veut pas à l'échelon nationalMais cette proposition Ruffin vise à prendre date. A faire prendre conscience, qu'on ne peut pas à la fois souhaiter sauver la planète, et continuer à se shooter au kérosène. 

Vous me direz : mais Les Echos sont détenus par Bernard Arnault, magnat du luxe, et pas par l'industrie aéronautique. Certes certes. Mais tout est lié. Quiconque se promène dans les aéroports, a bien remarqué que LVMH et ses concurrents sont en train d'y investir à grande vitesse les surfaces commerciales. LVMH a objectivement intérêt, à une croissance infinie du trafic aérien. Quand je pressentais que le référendum sur la privatisation d'ADP, si les 4 717 396 signatures sont réunies, peut être l'occasion d'un grand débat de société, je ne pensais pas toucher de si près la vérité.

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