"Success story" Buzzfeed : L'Obs oublie les difficultés financières

La rédaction - - Nouveaux medias - Financement des medias - 0 commentaires

"L'une des plus belles réussites web en termes de pure player."

Dans un long article publié ce week-end, TéléObs raconte l’ascension de Buzzfeed, ce "site de divertissement conçu comme un laboratoire viral" qui "s’attaque désormais à l’info" et ce "sans états d’âme". Le supplément de l’hebdo insiste sur le succès du site, qui cumule "7 milliards de vues par mois" (contre 4 en 2015), notamment via ou sur les réseaux sociaux, et qui se déploie "désormais dans 11 pays, du Brésil au Japon en passant par la France, où il s'est implanté fin 2013".

Depuis quelques années, en plus des listes plus ou moins légères qui ont fait sa renommée (on vous en parlait ici), Buzzfeed s'est développé en investissant des moyens importants dans le journalisme, notamment politique, raconte TéléObs. Et les résultats ne se sont pas fait attendre : "Le site inonde la campagne [des primaires américaines] de scoops. Et émerge aussitôt. Aujourd'hui, l'équipe new-yorkaise occupe six étages près d'Union Square et emploie environ 500 journalistes. Sans compter les correspondants à Los Angeles et Washington DC. Le site a ensuite essaimé à l'étranger, faisant par exemple une entrée spectaculaire au Brésil."

Certains scoops ont même un retentissement planétaire, comme avec "l’affaire des trucages dans les matchs de tennis de haut niveau" (dont @si vous parlait ici). Et ce n'est pas tout : Buzzfeed est également à l’origine de révélations sur des conflits d’intérêt à la NSA, qui ont conduit à la démission d’une haute responsable. Pour ces raisons et pour "sa connaissance unique d'Internet", le magazine The Atlanticallait même jusqu'à qualifierBuzzfeed "d’organe de presse le plus influent des Etats-Unis" début 2015. En France aussi, le site a publié quelques "scoops". BuzzfeedFrance, dirigé par Cécile Dehesdin (passée par Slate.fr et l'Express.fr) a par exemple enquêté sur des témoignages bidon publiés par Madame Figaro ou a révélé plus récemment qu'un journaliste avait été interdit de manifestation par la préfecture de Paris.

Native advertising et revers financier

Globalement très positif, l’article de L’Obs oublie toutefois certains "details" de la "succes story". L'article ne dit par exemple pas un mot sur la publicité déguisée en articles, au coeur du modèle économique de Buzzfeed. Une pratique qui a pourtant valu à Buzzfeed une remontrance de l'autorité de régulation de la publicité au Royaume-Uni, qui jugeait que le caractère publicitaire d'un article n'était pas explicite.

Surtout, Buzzfeed a connu un (gros) revers financier en 2015, jamais abordé dans l'article de TéléObs. "Buzzfeed n’a pas rempli ses objectifs financiers de 2015 et a dû diviser par deux ses revenus espérés pour l’année prochaine", rapportait ainsi le Financial Times le mois dernier. "Un coup majeur porté à Buzzfeed, fondée par Jonah Peretti, qui était jusque-là le fils prodige de l’industrie des médias", estimait par exemple le Guardian, notant par ailleurs que "l’audience mondiale combinée de Buzzfeed.com sur ordinateur et mobile avait chuté de 14% entre avril de l’année dernière et mars de cette année". Des analystes interrogés par le site britannique estimaient que "ces mauvais résultats pouvaient être le signe d’une bulle, autour de marques comme Mashable ou Vice, qui pourrait être proche de l’explosion".

L’occasion de lire notre observatoire "La pastèque de Buzzfeed, "l'avenir de la télévision", vraiment ?" et notre émission avec le journaliste de Buzzfeed David Perrotin Etat d'urgence: "la com' des préfectures est totalement verrouillée"

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