Semi coupable, Macé-Scaron "revient à l'enquête" (Marianne2.fr)

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Nouvelle plaidoirie de Macé-Scaron. Mais cette fois-ci sur Marianne2.fr, avec une réponse du PDG du magazine, Maurice Szafran. La ligne de défense, très millimétrée, tient en une stricte séparation des activités du journaliste-écrivain : il plaide coupable pour le pillage d'articles journalistiques, mais il balaye les accusations de plagiat dans le domaine littéraire grâce à ce fameux concept d'intertextualité. Conséquences directes de ce plaider-coupable pour son activité de journaliste : Szafran annonce que Macé-Scaron n'écrira plus "d'articles éditorialisés" mais des enquêtes ou des "analyses".

Il s'était exprimé sur notre site, à l'AFP dans le Petit journal de Canal +. Et depuis, plus rien, malgré les nombreuses affaires de plagiat le concernant à la fois pour des romans et des articles. Joseph Macé-Scaron vient finalement de sortir de son silence en publiant un texte sur Marianne2.fr, suivi de la réaction du PDG du magazine, Maurice Szafran.

Macé-Scaron fait d'abord son mea culpa en reconnaissant qu'il a "joué inconsidérément avec cette notion [de plagiat]. Sans doute par un goût absurde de la désinvolture et selon une propension paradoxale à la mise en danger que je contemple aujourd’hui amèrement. J’ai pêché par aveuglement et par orgueil. Je ne le cache pas", écrit-il. Mais selon lui, il ne faudrait pas confondre la pratique de l'intertextualité en littérature "avec une autre pratique – fautive celle-là – qui a parfois consisté, pour moi, dans l’empressement de mon activité de journaliste, à citer et reprendre sans référence et sans guillemet. Et que les confrères ou consœurs concernés m’en excusent s’ils le veulent bien, s’ils consentent à comprendre ce que j’écris ici – et ainsi des lectrices et des lecteurs".


Pour tenter d'expliquer ces copier/coller d'articles de presse, repérés par L'Express, il affirme s'être trop dispersé : "Grisé par ce métier que j’aime, j’ai cru qu’il était possible de se démultiplier professionnellement. Non par frénésie de pouvoir - même si, comme tout un chacun, je ne le dédaigne pas forcément -, mais par souci de faire partager au plus grand nombre des idées, des découvertes et des textes qui me sont chers. Qui trop embrasse, mal étreint – et que l’on me pardonne cette formule populaire, mais si juste", explique-t-il.

Tout en reconnaissant en partie ses torts, Macé-Scaron dénonce "la course à l'information" et "l'intrusion" dans sa vie privée, affirmant qu'une consœur (qu'il ne nomme pas) a tenté de faire parler un de ses enfants.

Szafran condamne les emprunts journalistiques mais soutient son journaliste



A la suite de ce texte d'explications, le PDG de Marianne, Maurice Szafran complète la défense en validant la distinction littérature/journalisme. "Sur la polémique littéraire qui s'en est suivie - le rôle et la place de l'emprunt dans le roman, le principe d'intertextualité - je ne me prononcerai pas, ne disposant d'aucune compétence ni crédibilité en la matière, explique Szafran. J'ai écrit, depuis 35 ans, des milliers d'articles et une dizaine d'essais, récits politiques ou biographies sans jamais avoir osé la moindre tentative romanesque. On m'accordera donc de passer mon tour à propos de la place et du rôle de l'intertextualité dans la création littéraire".

En revanche, s'agissant des copier/coller pour les articles, Szafran condamne le comportement de son journaliste : "dépourvus de citation entre guillemets et de notes de renvoi en fin d'article, ces emprunts ont toujours été bannis dans notre pratique professionnelle, dans ce code d'éthique qui, formellement, n'existe pas et que nous respectons pourtant. Pour le dire plus clairement encore, la technique de l'emprunt sans citation est inconcevable. Joseph Macé-Scaron a donc porté atteinte non seulement à sa réputation professionnelle, mais aussi à la crédibilité de Marianne, son journal, notre journal, votre journal. C'est ainsi : cette affaire est dommageable à notre collectivité toute entière, salariés et lecteurs de Marianne confondus. Il est nécessaire d'en avoir conscience pour être en mesure de passer enfin à autre chose".

Concrètement, Macé-Scaron reste à Marianne mais il travaillera différemment : "Lucide quant aux dégâts provoqués, Joseph Macé-Scaron m’a donc proposé dès la semaine dernière de renoncer dans le contexte présent à tout article éditorialisé, d'en revenir à un journalisme d'enquête, de récit, d'analyse. J'ai accepté, indique Szafran. C'est déjà le cas dans le numéro de Marianne actuellement en vente : il raconte le cheminement de Ségolène Royal dans la primaire socialiste". C'est "de l'excellent journalisme", tient-il à ajouter, bien décidé à passer l'éponge.

C'est sans doute la fin d'un feuilleton que vous pouvez retrouver dans notre dossier "Edition, media, critiques : le pacte infernal".

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