Publirédactionnels : courte grève des tweets aux Echos

Anne-Sophie Jacques - - Publicité - 0 commentaires

Mouvement d’humeur aux Echos.

Hier, la société des journalistes (SDJ) du quotidien économique a publié un communiqué pour annoncer une grève des tweets pendant 24 heures à compter de ce vendredi 9 heures. En cause : la publication sur le fil twitter des Echos d’une page de publicité déguisée le 4 mars dernier.

Ce jour-là, comme le raconte le site de Stratégies, "le groupe PSA déployait une opération publicitaire pour annoncer le lancement de sa nouvelle marque DS. L’édition imprimée du quotidien économique comportait ainsi une sur-couverture mettant en scène à gauche le lancement du modèle DS par Citroën en 1955 et à droite la naissance de la marque DS Automobiles en 1995. Cette sur-couverture portait une claire mention «publicité»". Une fausse double page relayée sur le fil twitter des Echos le jour-même sans que soit évoqué l’aspect promotionnel :

Capture chipée chez Next Inpact

Un mélange des genres inadmissible pour la SDJ qui dénonce une pratique de plus en plus courante au sein de leur journal. D’autant que ce tweet publicitaire, précise le communiqué, "intervient alors que la société des journalistes des Echos vient de passer six mois à négocier avec la direction du groupe pour mettre fin à ce mélange des genres". D’où l’idée de cette grève des tweets. Selon Le Monde, les journalistes "se sont notamment inquiétés de la floraison des «contenus de marques» (brand content), présents dans la section «Rendez-vous partenaires» du site. Ce type de contenu, créé à l’initiative d’annonceurs et empruntant les codes des contenus éditoriaux, est en plein essor dans les médias". Cela dit, après un tour sur lesdites pages, nulle confusion possible. Les contenus sont encadrés en bleu – quand le code couleur du site des Echos est rouge – et le caractère promotionnel est clairement indiqué. Mais peut-être que cette distinction est justement le résultat des négociations en cours.

Visiblement, les journalistes ont su faire entendre leur mécontentement : comme le notent nos confrères de Next Inpact, la grève a été finalement suspendue : "dans un tweet publié à 9h33, Francis Morel, président du groupe Les Echos, a indiqué que «le compte Twitter des Echos sert à relayer des contenus éditoriaux et liés à la vie du titre. Il ne saurait y avoir d’exception»". Une position qui a évolué : dans l'article du Monde publié ce matin quelques minutes avant neuf heures, Morel déclarait : "notre fil Twitter sert à 99% à valoriser des articles et peut servir, à l’occasion, à publier des messages qui concernent notre marque, ses chiffres, son actualité" avant de reconnaître qu'"il faut se montrer vigilant pour ne pas refaire ce genre de choses." Les journalistes ont manifestement réussi à lui arracher les 1% restants.

Ce n’est pas la première fois que les journalistes des Echos usent de l’arme de la grève. Comme nous le racontions ici, en juin 2013, les femmes journalistes ont mené une grève des signatures pour protester contre leur non-représentation au sein de la hiérarchie du quotidien. Un constat qu’avait partagé Morel alors interrogé par @si. Cette grève, là encore, a fait bouger les lignes si on en croit un article du Monde qui a fait le bilan du mouvement la semaine dernière. Suite à l’annonce de cette grève – qui avait reçu le soutien de Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des droits des femmes– "deux femmes ont été promues à la rédaction en chef, en septembre 2013".

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