Mali/Hollande : photos officielles

Laure Daussy - - 0 commentaires


L'Elysée a fourni clé en main des photos de conseils de guerre, prises par un photographe officiel de la présidence. Certains journaux les ont publiées, parfois sans mentionner la provenance de l'Elysée.

Le "conseil de guerre" à l'Elysée, le samedi 12 janvier, dernier avait été interdit à la presse. Et plusieurs journaux ont alors repris les photos réalisées par le photographe de l'Elysée: c'est le cas du JDD, du Parisien et de Paris Match.

Sous la photo du JDD, on peut voir le crédit "Présidence de la République", (un crédit mélangé avec d'autres, correspondant aux différentes photos de Une, que l'on peut voir ci-contre à gauche).

Regardez :


Dans la photo de Paris Match, prise dans l'avion présidentiel, le crédit est plus discret encore: il se trouve dans un pavé de signature en début de journal.


Publier des photos prises par un photographe officiel de l'Elysée pose-t-il problème aux rédactions ? La situation exceptionnelle (risque de divulgation d'informations classées secrets défense) justifie-t-elle qu'aucun photojournaliste ne puisse y avoir accès ? Dans Médias le Mag, le directeur du JDD, Bruno Jeudy explique qu'il a choisi de publier ces photos car elles n'auraient pas été très différentes de ce qu'aurait pu faire un photojournaliste.

Ecoutez-lepicto

La publications de photos communiquées par l'Elysée est-elle répréhensible ? Sébastien Calvet, qui travaille pour Libé, (et que nous avons reçu sur notre plateau), a bien conscience qu'il s'agit de communication de l'Elysée, mais reconnait que l'on a besoin de photos de ces situations. Aux Etats-Unis, la presse publie régulièrement des photos du photographe officiel de la Maison blanche. "On risque malheureusement d’aller vers un système à l’américaine", souligne Calvet. "Pour l'instant, la tradition en France, c’est de ne pas prendre ces photos. Mais combien de temps cela va-t-il encore durer ?" se demande-t-il. En France, habituellement, pour chaque événement à l'Elysée, un "pool" est organisé entre journalistes, chacun prenant les photos pour tous les autres médias à tour de rôle.

Un photo-journaliste aurait-il montré une image différente de ces conseils de guerre ? Pas forcément, à en croire Calvet. "Lorsque le photographe entre dans le bureau, il a quelques secondes pour faire ses photos, et le moment est déjà préparé par la com. Les politiques sont prévenus que le photographe arrive et sont déjà dans une sorte de mise en scène." Autoriser un photographe à entrer dans un moment de conseil de guerre risquerait-il de mettre en danger les opérations, au cas où un document secret défense serait pris en photo ? "C'est mal connaitre le travail de photographe", répond Nicolas Jimenez, responsable photo au Monde. "Comme pour l'écrit, s’il y a du off, on le respecte. Si on demande de ne pas photographier un document sur la table, on ne le fait pas", assure-t-il.

A l'époque de Nicolas Sarkozy, la photographe "attitrée", Elodie Grégoire -non rétribuée par l'Elysée il est vrai- avait l'exclusivité de ses photos et les revendait aux journalistes. Le photographe de l'Elysée sous Hollande, Stéphane Ruet, les laisse gratuitement à disposition de la presse.

Lire sur arretsurimages.net.