Karachi : le document qui contredit Sarkozy (Libération)
Gilles Klein - - 0 commentaires"
Question d’un journaliste, vendredi soir, au chef de l’Etat : «Il semblerait […] que vous ayez donné votre aval à la création de deux sociétés au Luxembourg.» Réponse de Nicolas Sarkozy: «Mais jamais, mon pauvre. J’ai donné mon aval… Mais il y a une pièce qui dit que j’ai donné mon aval? […] Une pièce avec le nom de Nicolas Sarkozy qui dit ça?» Libération publie la copie de la «pièce qui dit ça»", annonce Libération, reproduction à l'appui.
Mais dans un second article, le quotidien assure aussi qu'en 1994, le ministère du Budget dirigé par Sarkozy n'était pas favorable à la vente des sous-marins.
Libé publie "la page 18 d’un rapport de 22 pages, rédigé le 22 janvier 2010 par la police judiciaire du Luxembourg, déjà évoqué en juin par Mediapart et Libé: "Le document, connu depuis plusieurs mois, rend compte des perquisitions effectuées dans le Grand Duché à la demande de la justice française. La page 18 contient des remarques des enquêteurs à propos de papiers saisis chez les administrateurs des sociétés offshore ouvertes par la Direction des constructions navales (DCN) au Luxembourg. En particulier Heine. «Les accords sur la création des sociétés semblaient venir directement de M. le Premier ministre Balladur et de M. leministre des Finances Nicolas Sarkozy. […] En 1995, des références font croire à une forme de rétrocommission pour payer des campagnes politiques en France», écrivent-ils. Selon ces policiers, une autre pièce «fait état d’un courrier adressé à M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, le 29 novembre 2006, où on lui demande des instructions par rapport à la démarche à suivre concernant le risque de liquidation judiciaire de Heine. Il est du moins étonnant de poser une telle question à un ministre français»" . |
Libération évoque le rôle qu'aurait joué Jean-Marie Boivin : "Principal gestionnaire de Heine, il a coordonné via cette structure les flux de commissions occultes attachés à la signature de plusieurs contrats d’armement signés par le groupe DCN (lui-même détenu par l’Etat français). Notamment le contrat du 21septembre 1994 pour la vente des trois sous-marins au Pakistan. (...) Libération a obtenu auprès du greffe de la Haute Cour de l’île de Man la copie certifiée conforme d’un jugement qui atteste définitivement de l’existence d’un accord passé le 24 janvier 2009 entre l’Etat français et Jean-Marie Boivin (...) une transaction au terme de laquelle il accepte de payer une«note d’honoraires émise par M.Boivin», dont«le montant est de 8 millions d’euros»."
Le quotidien indique donc que Nicolas Sarkozy est impliqué, à un certain degré au moins, dans la vente des sous-marins. mais dans le même temps, il publie un autre article, signé par le même journaliste Guillaume Dasquié, insistant sur le fait que "le ministère du Budget de Nicolas Sarkozy s’est toujours opposé à cette vente intervenue le 21 septembre 1994. Contrairement à l’Elysée et au ministère de la Défense. Rendant déraisonnables les accusations plaçant Sarkozy «au cœur de la corruption» dans ce dossier".
Alors, Sarkozy, impliqué ou opposé ? L'explication se trouve sans doute en fin d'article. Pour la première fois, le journal précise que si Sarkozy se montre hostile à la vente en 1994, c'est peut-être tout simplement parce que "à cette période, le ministère du Budget de Nicolas Sarkozy suit en réalité l’analyse de son prédécesseur socialiste, Martin Malvy."
L'occasion de lire la chronique de Daniel Schneidermann Heine "peut-être le ministère" admet Sarkozy