Karachi : Sarkozy et Balladur soupçonnés de financement illégal (Mediapart)

Dan Israel - - 0 commentaires

Les familles de victimes demandent la démission de Sarkozy

Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur impliqués par la police luxembourgeoise dans l'affaire de Karachi.

Selon une révélation du site Mediapart (accès payant), confirmée par l'AFP et Reuters, un rapport rédigé en janvier par des policiers luxembourgeois, à la demande de juges financiers parisiens enquêtant sur un espionnage informatique à la Direction des constructions navales (DCN), étaie les soupçons sur un financement occulte de la campagne présidentielle de Balladur en 1994.

Le rapport indique qu'une société luxembourgeoise a été montée avec l'aval de Sarkozy, à l'époque ministre du budget de Balladur, expressément pour gérer les commissions versées dans le cadre de contrats d'armement, dont les sous-marins construits par la DCN pour le Pakistan. C'est sur le chantier de ces sous-marins qu'un attentat a fait 14 morts, dont 11 Français, en 2002 au Pakistan.

Jusqu'en 2000, les commissions versées étaient légales. Mais le rapport souligne aussi, sans preuve, que "des références font croire à une forme de rétrocommission pour payer des campagnes politiques en France". Et les rétrocommissions ont toujours été illégales.

C'est en enquêtant sur l'attentat de Karachi que le juge d'instruction Marc Trévidic a formulé l'hypothèse d'un lien existant entre les victimes françaises et les dessous financiers du marché des sous-marins pakistanais : en 1995, Jacques Chirac aurait décidé d'arrêter de verser les commissions aux intermédiaires pakistanais parce qu'il aurait su qu'une partie de ces sommes servaient à la campagne de Balladur. En représailles, les services secrets pakistanais auraient déclenché l'attentat.

Le lien entre l'attentat et les commissions, qu'a par exemple évoqué sur le plateau de Ligne j@une Magali Drouet, la fille d'une des victimes, reste une hypothèse, toujours en cours d'instruction. Mais en s'y intéressant, certains journalistes, Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi de Mediapart en tête, mais aussi Guillaume Dasquié de Libération, ont bien pointé des éléments troublants sur l'origine d'une partie des sommes dépensées pendant sa campagne par Edouard Balladur. Ces éléments sont détaillés dans le récent livre leContrat (éd. Stock), des deux journalistes de Mediapart, dont nous vous racontions ici la sortie mouvementée. Le rapport luxembourgeois publié aujourd'hui vient confirmer certaines affirmations contenues dans le livre, notamment sur le rôle de Nicolas Sarkozy.

Pour l'avocat de six familles de victimes de l'attentat de Karachi, Me Olivier Morice, "ce rapport montre que Nicolas Sarkozy est au coeur de la corruption et qu'il a menti aux familles". "Nous ne sommes pas en présence d'une fable mais d'un mensonge d'Etat", a-t-il estimé, ajoutant que "les familles demandent la démission" du chef de l'Etat.

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