Pédophilie : le pape personnellement en cause (presse internationale)
Gilles Klein - - 0 commentairesLe scandale de la pédophilie au sein de l'Eglise Catholique et les preuves accablantes contre une partie de sa hiérarchie (dont le pape actuel, qui était alors un haut responsable du Vatican) qui a tout fait pour les cacher, continuent d'alimenter la presse internationale. Double affaire aujourd'hui : une enquête exclusive à la Une du New York Times, et la démission acceptée par Benoit XVI d'un évêque irlandais qui a été le secrétaire personnel de trois papes.
L'enquête du New York Times révèle des documents qui mettent en cause personnellement l'actuel pape, qui était alors le cardinal Ratzinger.
"Des hauts responsables du Vatican — y compris le futur pape Benoit XVI — n'ont pas exclu un prêtre qui avait agressé sexuellement plus de 200 garçons sourds, bien que plusieurs évêques américains les aient prévenus que ce manque de réaction pourrait retomber sur l'Eglise, selon des documents rendus disponibles à l'occasion d'un procès. La correspondance d'évêques de l'état du Wisconsin directement adressée au cardinal Ratzinger, montre que pendant que les responsables de l'Eglise s'interrogeaient sur la nécessité d'exclure le prêtre, leur priorité le plus haute était surtout de protéger l'Eglise du scandale."
"Ces documents apparaissent alors que le pape fait face à d'autres accusations sur le fait que lui et ses subordonnés directs n'ont pas alerté les autorités, ni puni les prêtres qui pratiquaient des abus sexuels quand il était archevêque en Allemagne, puis quand il était responsable de la doctrine du Vatican. L'affaire du Wisconsin concerne Lawrence C. Murphy, prêtre américain qui a travaillé dans une école renommée pour enfants sourds de 1950 à 1974. C'est le seul cas (parmi des milliers) transmis pendant des décennies au bureau du Vatican appelé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dirigée par le cardinal Ratzinger de 1981 à 2005. (...) Le père Murphy a lui-même écrit au cardinal Ratzinger pour faire cesser toute procédure contre lui en indiquant qu'il s'était repenti et que sa santé était mauvaise. Le New York Times a obtenu ces documents, alors que l'Eglise s'est battue pour qu'ils restent secrets. Le père Murphy n'a fait l'objet d'aucune procédure, et les policiers n'ont jamais eu connaissance des témoignages des victimes."
Le reste de la presse internationale, de l'Irlande à l'Arabie Saoudite, en passant par l'Inde et l'Australie, s'intéresse au cas de John Magee (73 ans) qui fut le secrétaire particulier de trois papes ( Paul VI, Jean Paul I er et Jean Paul II) avant d'être nommé maître des cérémonies pontificales puis envoyé en Irlande.
L’évêque Magee est accusé d’avoir ignoré une directive de l’Église datée de 1996, prévoyant que la police soit informée de tous les cas d’abus, et d'avoir tout caché. Une commission d’enquête mise en place par le gouvernement irlandais avait conclu que l’évêque et ses collaborateurs n’avaient pas signalé à la police les accusations d’abus sexuels impliquant des prêtres qui se multipliaient dans les années 1990. Les résultats de cette enquête ont été tenus secrets par l'Eglise et le gouvernement irlandais.
Magee a fini par reconnaître ses torts : "« À ceux que j’ai déçus, de quelque manière que ce soit, ou qui ont souffert par des omissions de ma part, je demande la grâce et le pardon »" et le pape a accepté hier sa démission.
"Un revers pour Brady : le Vatican accepte la démission de Magee" indique le titre au centre de la double page sous la photo. Cette démission pourrait être suivie par celle du patron de l'église irandaise, le cardinal Brady, qui résiste depuis des semaines aux critiques qui demandent son départ. Brady a lui aussi caché (comme @si le signalait) qu'il avait, en 1975, participé à des enquêtes internes sur deux prêtres pédophiles irlandais en faisant jurer les victimes de ne jamais rendre publics leurs témoignages.
L'Irish Times consacre une double page à cette affaire en rappelant la longue liste d'autres dignitaires catholiques irlandais qui sont sur la sellette : Donal Murray, évêque de Limerick a dû démissionner en février 2010, Brendan Comiskey a dû démissionner en 2002. Jim Moriarty, évêque de de Kildare attend que Rome accepte sa démission, Eamon Walsh et Ray Field, évêques auxiliaires de Dublin ont aussi démissionné à Noel, et attendent la réaction du Vatican. Le cardinal Brady, et Martin Brennan, évêque de Galway, continuent, pour l'instant, de refuser de démissionner.
Il Messaggero et Il Mattino (Italie)
La Vanguardia et El Mundo (Espagne)
Le Journal de Québec et La Tribune (Canada)
Dagens Nyheter (Suède), Arab News (Arabie Saoudite)
La Tercera (Chili), De Morgen (Belgique)