Paradise papers / JDD : tribune masquée d'une avocate de LVMH

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Avocate au barreau de Paris, spécialiste du droit pénal et du droit de la presse... Mais pas seulement.

Le Journal du Dimanche a publié ce week-end dans sa rubrique "Opinion" une tribune de l'avocate Delphine Meillet, visiblement remontée contre les révélations des "Paradise Papers", la nouvelle enquête internationale sur l'optimisation fiscale des plus riches. Meillet s'y agace d'un "journalisme de sensation" de la part du Monde, qui mettrait "des noms connus en avant", et mélangerait "ce qui est légal et ce qui ne l'est pas". Sur trois paragraphes, l'avocate dénonce surtout le "haro sur Bernard Arnault", le PDG du groupe LVMH, sujet de l'une des enquêtes du Monde (on vous en parlait ici). Bien que le Monde précise que l'optimisation fiscale de Bernard Arnault n'est pas illégale, Meillet maintient que le journal entretient une "ambiguïté", qui plonge le lecteur dans la confusion et "jette la suspicion sur le groupe LVMH, qui verse pourtant plus d'un milliard d'euros d'impôts en France chaque année".

JDD, 11 novembre 2017

Cette défense passionnée de "la plus grande réussite de France", qui la mène exactement ? En introduction de la tribune, le JDD la présente comme "Avocate au Barreau de Paris, spécialiste du droit pénal et du droit de la presse". Sauf que Delphine Meillet est un peu plus que cela, pointe le journaliste des Décodeurs du Monde Maxime Vaudano sur Twitter :

11 novembre 2017

Meillet, avocate de LVMH ? Un tour rapide sur le site grands-avocats.com nous livre quelques éléments biographiques. Meillet, apprend-on, "conseille le groupe LVMH dans plusieurs domaines" - domaines qui ne sont pas précisés. On apprend aussi qu'elle a déjà fait condamner Le Monde en 2012 pour "atteinte à la présomption d'innocence à l'encontre de l'homme d'affaire Pierre Falcone". Mis en cause pour avoir fait livrer du matériel militaire à l'Angola entre 1993 et 1996, l'homme d'affaires et marchand d'armes avait été condamné à six ans de prison en première instance, en octobre 2009. Au terme du second procès, en avril 2011, la cour d'appel de Paris n'avait retenu que des abus de bien sociaux, pour le condamner finalement à 30 mois de prison ferme. Qu'était-il reproché au Monde dans ce qu'on appelle plus communément l'affaire de L'Angolagate ? D'avoir présenté Falcone comme coupable de faits de corruption, dans un article publié en 2009, alors qu'il n'était pas définitivement jugé. Le 23 mai 2012, le journal a été condamné à verser un euro à l'homme d'affaires pour préjudice moral.

D'après le site grands-avocats.com Meillet défend encore Falcone "dans plusieurs dossiers en cours contre le journal Le Monde". Des précisions qui auraient pu, en effet, trouver bonne place en introduction de la tribune.

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