APHP/Interne : après Patrick Cohen, les critiques infondées du médiateur de France Inter

Anne-Sophie Jacques - - Intox & infaux - 0 commentaires

Après Patrick Cohen, au tour du médiateur de France Inter de dénigrer l’interne-internaute Sabrina Ali Benali qui s’est fait connaître via ses vidéos dénonçant les conditions de travail dans les hôpitaux. Or si le médiateur assure être "révolté par les mensonges et les contre-vérités", il en commet lui-même en assurant que l’hôpital privé dans lequel exerce actuellement l’interne ne possède pas de service d’urgences. Ce qui est faux.

Décidemment, on a la dent dure à France Inter contre l’interne Sabrina Ali Benali, sous le feu des médias depuis qu’elle dénonce dans des vidéos au million de vues les conditions de travail dans les hôpitaux. Comme nous le racontions hier, l’animateur de la tranche matinale Patrick Cohen a consacré son billet d’humeur (ou plutôt de mauvaise humeur) à l’interne dont il assure – sur la foi des propos du directeur de l’AP-HP (Assistance publique Hôpitaux de Paris) Martin Hirsch tenus la veille sur son antenne – qu’elle est employée dans un hôpital privé qui, en plus, ne possède pas de service d’urgences.

Or c’est faux : si Sabrina Ali Benali exécute bien son stage semestriel actuellement dans un établissement privé, ce dernier est conventionné par l’AP-HP qui est, du reste, l’employeur principal de l’interne. De même, cet hôpital privé à but non-lucratif (dont nous tairons le nom à la demande de l’interne) possède bien un service d’urgences. L’information est vérifiable en un seul clic.

L’animateur, qui n’a pas fait de mea culpa ce matin à l’antenne, a trouvé un soutien appuyé de la part du médiateur de France Inter Bruno Denaes. Interpellé par un auditeur dénonçant le manque de distance et de discernement de Cohen, Denaes en rajoute une couche : "attention de ne pas confondre la situation difficile vécue par les personnels des hôpitaux", répond-il, "situation que nous relatons régulièrement sur nos antennes, et les mensonges d’une interne qui affirme travailler dans un hôpital de l’AP-HP et cite des exemples vécus soi-disant la semaine précédente dans le service des Urgences, alors que cet hôpital privé n’en possède pas". Ce qui est toujours faux, comme nous venons de le dire. Et de faire la leçon : "même si son message est réaliste et justifié, pourquoi prendre le risque de mentir ?" On lui retourne la question.

Soucieux de faire éclater la vérité, le médiateur compare alors les "mensonges" de Sabrina Ali Benali, par ailleurs co-responsable de la Commission santé du Parti de Gauche, aux accusations de Jean-Luc Mélenchon vis-à-vis de France Inter qui aurait, selon le candidat à la présidentielle, voulu "tuer" sa chaîne Youtube (une histoire tordue racontée ici). Le médiateur explique sa position ainsi : "je persiste à être révolté par les mensonges et les contre-vérités" conclut-il.

Ce n’est pas la première fois que Denaes soutient les journalistes de la station aux dépens de l’avis des auditeurs. Comme nous le racontions ici en septembre dernier, le site Acrimed, après avoir épluché quatre cas différents, se demandait "si c'est bien le rôle d'un médiateur, qui devrait être un facilitateur de dialogue, d'exposer de la sorte ses partis-pris en faveur du travail de ses collègues, et surtout de disqualifier en bloc et par tous les moyens, voire de tourner en ridicule les auditeurs qui s'adressent à lui."

De son côté, se sentant diffamée après le billet de Cohen et mais aussi par certains médias qui ont évoqué "une fausse interne" – Sabrina Ali Benali a reçu le soutien des urgentistes Patrick Pelloux, Christophe Prudhomme et Gérald Kierzeck dans une vidéo publiée sur Facebook ce matin.

>> L’occasion de lire notre enquête Hôpital : Touraine et l'AP-HP tentent de décrédibiliser l'interne insoumise.

Lire sur arretsurimages.net.