Canal+ : Bolloré veut la fin des émissions en clair

Anne-Sophie Jacques - - Médias traditionnels - 0 commentaires

Vincent Bolloré sort du bois. Plus d’un an après sa main mise sur Canal+ ponctuée par de gros chamboulements – du passage en crypté des Guignols au départ de Yann Barthès du Petit journal – le président du Conseil de surveillance de Vivendi s’est livré aux Echos et à Challenges. Sa stratégie ? Réduire les émissions en clair et ne garder que celles qui incitent les téléspectateurs à s’abonner.

Vincent Bolloré boude Cannes mais pas les journalistes des Echos et de Challenges. Un an après avoir jeté son dévolu sur Canal+, le président du Conseil de surveillance de Vivendi expose aujourd’hui dans la presse économique sa stratégie pour la chaîne cryptée. Un peu tard peut-être ? En effet, depuis avril dernier, Canal+ est en proie à de gros chamboulements : passage en crypté des Guignols, coup de balai sur l’investigation, mise en place d’un comité éthique controversé, départ intempestif des cadres de la chaîne, chute des abonnés… jusqu’au départ récent de Yann Barthès qui quitte Le Petit journal. Mais Bolloré s’était peu épanché dans la presse sur cette reprise en main. C’est chose faite aujourd’hui.

Si Bolloré assure vouloir sauver Canal+ (ce qui semblait loin d’être gagné lors de la dernière assemblée générale des actionnaires de Vivendi) et s'il dément la vente d'I-Télé (contrairement à ce qu'annonçait Mediapart), le patron de la chaîne cryptée dévoile néanmoins à Challenges le montant du déficit prévu en 2016 : 400 millions d’euros, soit 30% du chiffre d’affaires. L’objectif est donc de faire des économies. Très simple pour Bolloré qui assure que "les économies, c’est simple, quand on accepte de se faire défoncer dans la presse". Parmi les coupes franches : les émissions en clair, confirmant au passage les spéculations récentes des Inrocks. Selon Challenges, "fini les émissions déconnectées du contenu crypté, type Grand et Petit Journal. [Bolloré] veut que les programmes en clair incitent à l’abonnement et donnent une idée du contenu."


Du coup, pour Les Echos, il n’est "pas impossible que des magazines comme «Le Tube», «Le Supplément» ou l'émission hebdomadaire de Thierry Ardisson qui sont aujourd'hui en clair puissent basculer en crypté, alors que les émissions comme le «Canal Football Club» ou «Canal Rugby Club», qui mettent en avant des contenus sportifs exclusifs, restent, elles, en clair. […] Il est également possible que certaines émissions basculent sur D8, la plus grosse chaîne de la TNT gratuite du groupe".

C’est d’ailleurs auprès des Echos que Bolloré esquisse sa vision du marketing : "quand on ouvre une plage en clair, on gagne certes à court terme des recettes publicitaires, mais à long terme, on perd des abonnés. Surtout quand on diffuse en clair des émissions qui auraient vocation à être réservées aux abonnés payants ou quand elles n'ont rien à voir avec la programmation en crypté. La bonne méthode pour générer de l'abonnement, c'est au contraire de commencer à diffuser un match et de basculer en crypté". C’est-à-dire revenir à ce que faisait Canal+ à ses débuts : les plus vieux téléspectateurs se souviennent peut-être avoir regardé les débuts des matchs de foot avant que ceux-ci ne passent en crypté. Du marketing du 20e siècle en somme.

Lire sur arretsurimages.net.