Une boutique en ligne invente le "journaliste sponsorisé" (mais pas payé)

Robin Andraca - - Publicité - Déontologie - 0 commentaires

Le portrait d'un journaliste de Télérama qui fait de la pub pour des crèmes de jour qu'il utilise quotidiennement ? C'est ce qu'on a pu voir, l'espace de quelques heures, sur le site de la boutique en ligne Horace, spécialisée dans la vente de produits de bien-être pour hommes. Et puis le portrait a été supprimé, à la demande du journaliste, qui explique ne pas avoir été rémunéré pour prendre la pose.

"Olivier a 28 ans et est journaliste. Depuis l'été 2011, il travaille chez Télérama, au service médias". Le portrait d'Olivier Tesquet, publié le 13 avril sur la boutique en ligne Horace, commençait pourtant comme la plupart des portraits publiés dans la presse traditionnelle. Mais il a été supprimé quelques heures plus tard.

Et pour cause : dans cet article, le journaliste de Télérama n'évoquait pas seulement son parcours universitaire et ses habitudes de travail. Il se confiait aussi sur... ses petits gestes bien-être quotidiens. "Il confie y traîner longtemps, accompagné de l'odeur du savon Dr Bronner à l'arbre à thé, qu'il apprécie particulièrement. Difficile de lui en vouloir", pouvait-on lire. C'est tout ? Non, Olivier avoue aussi à Horace qu'il prend soin de sa barbe avec "le shampooing pour barbe, et l'huile Hommer." Sa peau sèche ? Il l'hydrate grâce à la crème Ren Skincare Vita Mineral.

Sur chaque produit, un hyperlien menant à une autre page d'Horace permettant de commander le produit

En fin de portrait, le site propose même une sélection des produits de la "routine matinale" d'Olivier Tesquet.

Avant Tesquet, Mathieu Le Maux et Marc Beaugé, respectivement rédacteurs en chef chez GQ et Society, avaient aussi dévoilé leurs "routines matinales". Ces journalistes ont-ils été rémunérés ? Contacté par @si, Tesquet assure que non. "Le site a été monté par un de mes amis. C'était juste pour lui rendre service." Même chose pour Beaugé et Maux. L'ami en question, Marc Brian Terlet, ancien de chez GQ, confirme : "Les seules personnes rémunérées sont les gens qui font la photo et écrivent l'article."

Pourquoi, dès lors, Tesquet a-t-il demandé à ce que le portrait soit supprimé ? "Je savais qu'il y aurait une sélection de produits, mais j'ignorais que ce serait "brandé" ainsi [que cela ferait autant référence à des marques]. Je suis un peu mal à l'aise avec tout ce qui est name-dropping de produit, je lui ai donc demandé très gentiment de le retirer".

Mise à jour du 14/04/2016 à 12h41 : Dans un premier temps, l'article, publié mercredi 13 avril à 19h52 mentionnait un article de L'Express laissant penser que Tesquet avait été égerie de la marque de vêtements Coq Sportif en 2014. Après vérification, Tesquet avait juste accepté de poser comme modèle, avec Vincent Glad, pour un ami. Les deux dernières lignes ont donc été retirées, une trentaine de minutes après publication de l'article.

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