Mayotte en grève générale, ignorée des médias métropolitains

Justine Brabant - - Silences & censures - 0 commentaires

Au quatorzième jour, la presse découvrit la grève. Après deux semaines d'un long silence, quelques articles commencent à paraître dans les médias de métropole sur la grève générale lancée il y a deux semaines à Mayotte.

La "grève générale" ? Une partie du mouvement "Nuit Debout" la souhaite. Pourtant, elle a déjà lieu. En France. Plus précisément dans le département de Mayotte, dans l'archipel des Comores.

Depuis le 30 mars, les Mahorais ont débrayé pour réclamer "l'égalité réelle". L'intersyndicale FSU, FO, CGT, Solidaires, SNUipp, CFDT et SAEM a invité, plus précisément, à reprendre un mouvement de grève entamé en novembre 2015, mais suspendu en raison de l'état d'urgence. "Les grévistes réclamaient par exemple l'alignement des allocations familiales et des autres prestations sociales au même niveau que dans l’Hexagone, la lutte contre l'insécurité qui dégrade les conditions de vie à Mayotte, la construction des nouvelles infrastructures scolaires, mais aussi l'application du code du travail national à Mayotte et l'abandon du projet de loi El Khomri", détaillait le site de la chaîne Outre-mer 1ere au premier jour de la grève.

Les grévistes, parfois rejoints par des élèves, ont multiplié les barrages routiers. Des établissements scolaires ont été temporairement fermés. Outre-mer 1ere a entrepris de cartographier les affrontements avec les forces de l'ordre, les agressions et les dégradations commises en marge du mouvement. La chaîne est, en plus de la presse locale, l'un des rares médias vers lesquels se tourner pour suivre ce mouvement social. France 2 et 3, de leur côté, n'ont pas évoqué un seule fois la situation des Mahorais durant les sept derniers jours (une recherche sur le site de replay de France Télévisions, Pluzz, ne donne que des résultats en provenance d'Outre-mer 1ere).

La presse métropolitaine a attendu le lundi 11 avril pour y consacrer quelques articles. L'un des articles les plus complets est celui paru sur le site d'I-Télé : "Grève générale à Mayotte pour réclamer "l'égalité réelle" avec l'Hexagone." On peut avancer deux explications possibles à ce (petit) réveil médiatique. La première : la multiplication des incidents dans le département, où des jeunes tenant des barrages routiers ont caillassé des voitures et agressé, dans des circonstances encore floues, des passants. La seconde : une forte mobilisation en ligne (portée notamment par le collectif "Bouge-toi Mayotte"), qui a permis au hashtag #SaveMayotte de figurer parmi les tendances les plus discutées ("trending topics") sur Twitter, le 12 avril en fin de journée.

Lire aussi la chronique de Daniel Schneidermann : de Mayotte à la République.

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