Les Jours : Niel et Pigasse entrent au capital
Robin Andraca - - Financement des medias - 0 commentairesPremière levée de fonds pour Les Jours. Sur son site, le pure player lancé par d'anciens journalistes de Libération annonce avoir convaincu plusieurs actionnaires d'investir. Parmi eux, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, co-propriétaires du Monde.
LesJours.fr, 06/04/2016
Quitter Libé pour être racheté par Le Monde ? Le pure player Les Jours, lancé en février 2016 et qui affirme avoir recruté 5 000 abonnés depuis, vient d'annoncer mercredi 6 avril une première levée de fonds auprès de plusieurs investisseurs, dont certains bien connus dans le monde des medias français et européens. Xavier Niel, co-propriétaire du Monde, qui a déjà investi dans plusieurs pure-players (Mediapart, Bakchich) et qui avait contribué à hauteur de 1 000 euros lors de notre dernière campagne Ulule, fait partie de cette liste. Le fondateur de Free est entré au capital des Jours à hauteur de 3,47%. A ses côtés, un autre co-actionnaire du Monde : Matthieu Pigasse, entré au capital à hauteur de 0,99%, à travers sa société Les Nouvelles éditions indépendantes (qui regroupe les investissements de Pigasse dans Les Inrockuptibles, Radio Nova, Le Monde et Vice France). Pierre Antoine Capton, qui produit l'émission C à vous sur France 5, fait aussi partie de la liste, et ce n'est pas un hasard : fin 2015, il s'était associé à... Pigasse et Niel pour lancer un fonds d'investissement, baptisé "Media One", destiné à investir dans des medias européens.
Autre nom connu de cette liste : Marc Olivier Fogiel entre au capital à hauteur de 1,24% à travers sa société MOF Prod. Olivier Legrain, ex-patron de la société spécialisée dans les produits chimiques pour la construction Matéris devenu psychothérapeute, le journaliste et animateur de télé Hervé Chabalier (prix Albert Londres en 1979) et Jean-François Guichard, de Guichard Interdev (spécialisée en conseil en management) complètent cette liste.
"Ces actionnaires sont minoritaires au capital des Jours qui reste détenu à 89,24% par ses cofondateurs", précise le pure player. Contactés par Mind (ex-Satellinet), Les Jours indiquent ne pas pouvoir, pour l'instant, indiquer le montant de ce premier financement, ni la valorisation de la société avant la clôture de l'opération de financement participatif sur Anaxago, qui prendra fin mi-mai.
De quoi remettre en cause l'indépendance du site, érigée en valeur suprême lors du Kiss Kiss Bank Bank organisé par le site en juillet 2015, qui avait permis au site de récolter 80 175 euros ? Non pour Les Jours, qui expliquent aujourd'hui que "l’indépendance n’est pas un vain mot : c’est une conviction. Cette conviction, nous l’avons exprimée à chaque rencontre avec des investisseurs et le mot n’a pas effrayé ceux qui nous rejoignent aujourd’hui. L’indépendance est rédactionnelle : seuls les journalistes des Jours décident du contenu éditorial du site."
"L'objectif", assure la rédaction, est toujours "à terme de vivre de ses lecteurs parce que l'abonnement est le seul modèle économique à avoir fait ses preuves sur internet (Mediapart, Arrêt sur images)". Cette levée de fonds auprès d'investisseurs privés ne serait d'ailleurs qu'une première étape. "La deuxième est donc de réussir notre campagne d’investissement participatif – on dit « equity crowdfunding » – auprès d’Anaxago qui permet à qui le souhaite, à partir de 1 000 euros, de devenir actionnaire des Jours. Il suffit de se rendre sur le site d'Anaxago. Nous sommes d’ailleurs le premier média à ouvrir de cette manière notre capital", expliquent Les Jours.
L'occasion de revoir notre émission avec les Garriberts (floutés), à l'origine des Jours : "Il faut sortir de l'info copier-coller, il y a une attente"