Salafistes : interdiction - 18 ans "suspendue" (référé)

Justine Brabant - - Fictions - 0 commentaires

La décision de Fleur Pellerin contestée par la justice administrative. Jeudi 18 février, le juge des référés (juge administratif chargé de s'exprimer sur des urgences) a suspendu l'interdiction du documentaire Salafistes aux moins de 18 ans, interdiction décidée par l'ex-ministre de la Culture après des semaines de suspense autour du sort du film.

Pellerin avait justifié cette décision par la présence d'images très violentes. Salafistes, documentaire qui donne longuement la parole à des prédicateurs salafistes et montre (fait rare) des images des villes maliennes de Gao et Tombouctou sous l'occupation djihadiste, comporte également des images d'exécutions extraites de clips de propagande de l'organisation Etat islamique.

La ministre de la Culture (ainsi que plusieurs critiques) avait jugé problématique l'absence de commentaire ou de voix-off prenant explicitement du recul vis-à-vis de ces discours et images. Sur le plateau d'@si, les coréalisateurs avaient justifié ce choix, expliquant qu'ils "n'avaient pas voulu avoir une position morale" ni "dire au spectateur ce qu'il doit penser". Le juge des référés, lui, a pointé la présence de scènes "de résistance ou de dissidence" permettant de prendre du recul sur les discours djihadistes présentés dans le film : Salafistes "permet au public, du fait même de sa conception d’ensemble et de la violence de certaines images, de réfléchir sur la portée de ce documentaire et de prendre le recul nécessaire face aux images ou aux propos qui ont pu y être présentés", écrit-t-il dans sa décision.

La décision du juge des référés n'annule pas la décision de Pellerin, mais la suspend temporairement. La société de production de Salafistes a donc engagé une seconde procédure afin d'obtenir cette annulation, indique Le Monde. Sorti le 27 janvier, le documentaire est toujours diffusé dans trois cinémas parisiens.

L'occasion de (re)visionner notre émission autour de Salafistes, en compagnie de ses deux réalisateurs, Lemine Ould Salem et François Margolin, et de relire notre enquête sur la genèse de ce film : "Lemine Ould Salem, le journaliste dont les images ont inspiré un film césarisé... mais pourraient ne jamais être vues en salles".

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