Kouachi/otage : où en est l'enquête contre TF1, F2 et RMC ?

Sébastien Rochat - - 0 commentaires


Où en est l'enquête préliminaire visant TF1, France 2 et RMC pour "mise en danger de la vie d'autrui" ?

Un an après les attaques des frères Kouachi, Lilian Lepère, le salarié de l'imprimerie de Dammartin-en-goële qui s'était caché pendant des heures dans un meuble, s'est exprimé sur France info.

Il regrette que ces trois médias aient révélé sa présence dans l'imprimerie, alors que les Kouachi l'ignoraient : "Ils étaient dans la pièce juste à côté de la mienne. Ils pensaient avoir relâché tout le monde. Donc deux hommes armés, qui n'ont plus de moyens de s'enfuir, ils sont dos au mur, et là, on leur apprend qu'ils ont peut-être un autre moyen de pression. Ils avaient accès à des ordinateurs et à la radio. J'ai eu de la chance qu'ils n'écoutent pas spécialement les médias. Ça aurait pu mettre ma vie en danger", explique Lepère. Avant de dénoncer les dérives de l'info continue : "Tout cela était en direct, ça aurait pu attendre le lendemain, ça aurait pu attendre le soir, il n'y avait pas d'urgence. La seule urgence, c'était de me sauver la vie, et pas d'annoncer au monde entier que j'étais caché. C'est juste une question de bon sens, il faut réfléchir trente secondes. La course à l'info, ce n'est pas ça qui fera avancer le monde. Une bonne information, c'est une information fiable, donnée au bon moment."

TF1, France 2 et RMC ont fait état de sa présence dans l'imprimerie avant l'assaut

Au cours de son live, France 2 a diffusé dans la matinée du 9 janvier, l'interview de Cindy, la soeur de Lilian Lepère. Une interview rediffusée dans le 13 heures. "Je n'ai aucune nouvelle de mon frère ce matin. Je sais qu'il est parti travailler, avait-elle déclaré à Elise Lucet. Il ne répond pas et on a arrêté d'appeler parce que si jamais il est caché ou quoi que ce soit, ça perturbe". Et Lucet avait enchaîné en demandant à Cindy ce qu'elle souhaitait... dire à son frère s'il l'entendait.

Par la suite, Elise Lucet s'est excusée auprès de Lilian Lepère pour cette séquence.

En revanche, TF1 et RMC n'ont jamais fait leur mea culpa. A plusieurs reprises, dans la matinée du 9 janvier, et dans le journal du 13 heures, TF1 avait révélé qu'un otage était toujours présent dans l'imprimerie :


De son côté, RMC a également évoqué, au cours de son live, la présence d'un otage après 10h15 (heure à laquelle le principal otage, le patron de l'imprimerie, avait été libéré). Pire : le député de Seine-et-Marne, Yves Albarello, interrogé par l'animateur des Grandes gueules, Olivier Truchot, a révélé à 11h20 qu'un otage était... "caché dans l’entreprise, à l’insu des terroristes”.

Quelques jours plus tard, le député avait assuré s'être "contenté de répondre aux questions avec les seules informations qui circulaient". Refusant de reconnaître une erreur, il avait simplement ajouté qu'il était "parfois préférable de se taire plutôt que de voir sa pensée déformée en voulant rendre service".

Un an après les faits, et quelques mois après l'ouverture d'une enquête préliminaire, où en est cette plainte contre TF1, France 2 et M6 ? Nulle part. Joint par @si, l'avocat de Lilian Lepère, Antoine Casubolo Ferro, assure que seul son client a été entendu dans le cadre de l'enquête préliminaire. Il s'apprête à écrire au procureur de Paris, François Molins, pour savoir où en sont les investigations. Si Casubolo Ferro doute que ces médias soient condamnés, il estime le dépôt de cette plainte salutaire. La preuve ? Les chaînes ont été beaucoup plus prudentes lors des attentats du 13 novembre.

L'occasion de relire notre article sur le 13 novembre : comment les medias ont géré "le plus grave attentat terroriste à Paris depuis 1945"

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