Uber déficitaire en France... et ailleurs ?
Anne-Sophie Jacques - - 0 commentairesSi les motivations du VTC Uber sont claires – grignoter puis s’imposer sur le marché des taxis – en revanche ses comptes sont obscurs. Selon l'agence de presse économique Bloomberg reprise par le site Numerama, Uber serait fortement déficitaire à en croire un document remis à des investisseurs potentiels – ce que le VTC dément. Une chose est sûre : Uber est bel et bien déficitaire en France grâce à un montage d’optimisation fiscale révélé par le site de BFM Business.
Uber largement déficitaire ? L’agence de presse économique Bloomberg a épluché un document remis aux investisseurs susceptibles de mettre des billes dans ce VTC installé dans plus de 300 villes à travers le monde, et découvert qu’Uber réaliserait 415 millions de dollars de chiffre d'affaires et 470 millions de dollars de déficit. Soit un gros trou dans les comptes. Ce chiffre d’affaires tranche surtout avec les estimations de 10 milliards de dollars pour 2015, explique Numerama qui reprend l’information avant de nuancer : les 10 milliards estimés peuvent intégrer "les 80 % reversés aux chauffeurs, alors que les 415 millions d'euros peuvent ne refléter que les 20 % de commission collectée par Uber". Pour sa défense, le VTC assure que ces chiffres anciens ne reflètent pas l’activité commerciale aujourd’hui… ce qui n’explique pas pourquoi ces vieux chiffres apparaissent dans le document remis aux investisseurs potentiels.
Reste que ce trou dans les comptes apparaît bel et bien en France. Et pour cause : selon le site BFM Business, Uber a mis en place un montage d’optimisation fiscale pour lui permettre d’échapper à l’’impôt. Si le VTC possède bien une filiale en France, cette dernière est uniquement chargée de la relation avec les chauffeurs, de la promotion de la marque et du support marketing. Les courses sont facturées par une filiale néerlandaise qui reverse ensuite 80% de la somme aux chauffeurs… lesquels sont censés ensuite payer charges et impôts en France. Les 20% restants sont donc délocalisés d’abord aux Pays-Bas avant de rejoindre des contrées plus chaudes, en l’occurrence les Bermudes. En effet, souligne BFM Business, "la filiale néerlandaise paye une gigantesque redevance pour avoir le droit d'utiliser les brevets d'Uber […]. Cette redevance est envoyée vers une autre filiale d'Uber, visiblement la filiale immatriculée aux Bermudes. Intérêt : cette gigantesque redevance n'est pas imposée aux Bermudes, mais n'est pas imposée non plus aux Pays-Bas, grâce à une niche fiscale néerlandaise". Seul lot de consolation pour la France : Uber n’est pas dispensé de TVA.
Pour autant, rien de surprenant. Ces montages sont un grand classique dans le monde des barbares. L’an dernier, BFM Business avait déjà révélé les entourloupes d’Airbnb, plateforme de locations d’appartement entre particuliers, pour échapper au fisc grâce à ses filiales domiciliées dans des paradis fiscaux.
>> L’occasion de relire notre premier épisode sur la guerre qui oppose VTC modernes et taxis ringards.