Charlie : radios et télés très remontées après les décisions du CSA

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Le CSA a frappé fort hier en relevant 36 manquements dans le traitement des attentats de janvier par les télévisions et les radios, dont 21 ont justifié des mises en demeure. Les médias en question ont depuis réagi, dénonçant l'injustice de ces décisions et l'impossible concurrence des réseaux sociaux.

Certains médias semblaient très remontés hier, après les décisions du CSA. Des décisions qui, comme nous l'expliquions, n'avaient pourtant qu'"une intention préventive, au cas où se produiraient des évènements de même nature" (en cas de récidive, les sanctions peuvent aller d'une amende jusqu'à la suspension d'antenne). Ce qui n'a pas empêché plusieurs télés et radios d'info continue de dénoncer le bien fondé de ces décisions et la non-régulation des réseaux sociaux et des sites internet.

C'est le cas, par exemple, de Thierry Thuillier, directeur de l'information de France Télévisions : "Est-ce que cela signifie que les chaînes censées informer cessent d'informer ? L'information sera-t-elle désormais l'apanage du secteur qui n'est pas régulé par le CSA, comme les réseaux sociaux ?". Interrogé par l'AFP, Marc Saikali, directeur de France 24, se pose d'autres questions : "Faut-il renoncer à rendre compte ? Nous avons une mission internationale. Est-ce qu'on doit dire aux téléspectateurs d'aller regarder Al-Jazira ou CNN, où l'info est tronquée ? Ça nous décrédibilise à l'international. Tous les dictateurs du monde vont pouvoir nous dire : « Vous voyez, vous n'êtes même pas légitimes chez vous»".

L'agacement prédomine aussi chez Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1 : "Comment pouvons-nous informer, nous radios et télés, puisque nous sommes les seuls concernés par les sanctions ?", et Céline Pigalle, directrice de la rédaction de iTélé : "Est-ce qu'il faut qu'on renonce à faire de l'info en temps réel ? On nous dit de ne pas rendre compte des événements à Dammartin mais le direct du site du Monde va continuer. Personne ne prétend avoir été parfait mais on semble nous dire ne pas informer".

Eric Kervellec, directeur de la rédaction de France Info conteste lui ces décisions, alors que le CSA a reproché à France Info d'avoir annoncé que des affrontement contre les frères Kouachi avaient lieu à Dammartin alors qu'Amedy Coulibaly était encore retranché Porte de Vincennes. "C'est l'un des reporters de France Info qui a décrit la scène. Si on nous avait dit « Il va y avoir une intervention », nous sommes des gens responsables. Nous n'aurions pas communiqué et dit des choses qui étaient de nature à faire dégénérer la situation. Mais à aucun moment nous n'avons reçu une consigne de ce type de la part des autorités compétentes. Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas. Et nous envisageons des recours pour faire revenir le CSA sur cette sanction que nous jugeons parfaitement injustifiée".

Les protestations des chaînes de télé et radios sont-elles fondées ? Ce ne semble pas être l'avis des Guignols de Canal+ qui sont également revenus sur le traitement des attentats de janvier par BFM, accusé d'avoir mis en danger la vie de plusieurs otages, après un démenti du RAID. Jean-Jacques Bourdin appréciera.

L'occasion de relire notre article : "BFM a-t-elle mis en danger la vie des otages de l'Hyper Cacher ?" et notre décryptage, publié bien avant les décisions du CSA : "Prises d'otages : une journée de remplissage et de fausses pistes en contenu".

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