Washington Post : Bezos débauche à Politico

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Fin de dynastie au Washington Post.

Un an après s'être offert le quotidien américain (pour 250 millions de dollars), le patron d'Amazon Jeff Bezos, commence à opérer les premiers changements significatifs en nommant Fred Ryan, l'un des membres fondateurs du journal Politico, directeur général et directeur de l'information du Washington Post en lieu et place de Katharine Weymouth.

Ce changement intervient au moment où le site internet du Washington Post a connu sa plus forte fréquentation de tous les temps en juillet, notamment du fait de la guerre entre Israël et Gaza et du crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines.

Le choix de Fred Ryan est tout sauf anodin et traduit avant tout la volonté de Bezos de moderniser son quotidien et d'être plus présent sur le web, où le Post semble avoir quelques années de retard sur le New York Times. Ancien secrétaire général de la Maison Blanche sous l'administration de Ronald Reagan, Ryan, 59 ans, fait aussi partie de l'équipe fondatrice de Politico, media multisupport basé depuis 2007 à Washington, à la pointe de l'actualité politique américaine. En 2007 d'ailleurs, on quittait le Post pour signer à Atlantico. Sept ans plus tard, Ryan fait donc le chemin inverse.

Devenue une référence du genre en seulement quelques années, Politico semble difficile à enfermer dans une case politique : si Media Matters estimait en 2007 que Politico était plutôt de droite, Right Wings News classe en 2009 le site d'information politique parmi ceux les plus à gauche aux Etats-Unis.

Un changement à la tête d'une entreprise de presse, c'est évidemment très courant mais la partante, Katharine Weymouth, ne porte pas n'importe quel nom : son remplacement met fin à une longue ère de gestion familiale du quotidien, depuis l'achat du journal par son arrière grand-père, Eugene Meyer, en 1933. "Elle a mené avec succès de nombreuses nouvelles initiatives et assuré que le premier changement de propriétaire de cette grande institution en quatre-vingts ans se fasse en douceur et sans heurt", a déclaré Jeff Bezos pour saluer son départ.

L'an dernier, Le Monde estimait que dans la décision d'acheter le Post, Bezos avait surement en tête "d'influencer les débats à Washington ou d'y être plus présent à un moment où Amazon entre sur le marché du stockage de données pour les gouvernements du monde". En mettant à la tête du journal un ancien membre de l'administration de la Maison Blanche et le fondateur d'une organisation de presse dédiée aux arcanes de Washington, Jeff Bezos semble en tout cas s'en donner les moyens.

Le Post a déjà fait polémique en décembre 2013 en publiant une pleine page du projet d'Amazon, propriété de Bezos, de livrer ses colis par drône.

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