Irak : montée en puissance du Jihad sur Twitter

Vincent Coquaz - - 0 commentaires


"A l'heure du djihad 2.0, l'EIIL a fait du réseau de microblogging

Twitter son outil de prédilection."@si vous racontait il y a quelques semaines à quel point Twitter, Facebook et Youtube jouaient un rôle important dans le recrutement des jihadistes en Syrie. Cette fois, c'est l'Irak qui a retenu l'attention du Monde et de Libération, qui consacrent chacun un article à la stratégie Twitter de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Libération note ainsi que c'est un hashtag, "#SykesPicotOver", qui est devenu le "cri de victoire des fondamentalistes sunnites" suite à la percée d'EIIL entre la Syrie et l'Irak (où ils ont abattu une frontière symbolique au bulldozer).

pictoLe compte Abu Umar, suivi par 3 870 personnes, relaie les faits d'armes d'EIIL

Mais la machine de guerre en ligne mise en place par le groupe armé ne se cantonne pas à des comptes Twitter isolés, comme on pouvait le voir souvent dans le cas de la Syrie. Une véritable organisation centralisée est déployée en Irak.

Une application Android baptisée "L'aube de la bonne nouvelle" (qui n'est apparemment plus disponible sur le Google Store), permet ainsi à l'EIIL d'atteindre et de connaître facilement des milliers de Twittos. Son principe ? Présentée comme un outil pour suivre l'actualité du groupe armé, elle poste surtout des tweets à la gloire du jihad, soigneusement préparés par un community manager (responsable de l'animation des réseaux sociaux), à la place de l'utilisateur. Au passage, l'application récupère de nombreuses données de l'utilisateur, permettant à l'EIIL de connaître et cibler ses Twittos les plus fidèles.

La force de frappe est réelle : la dernière salve de tweets, qui contenait le texte "Baghdad, nous arrivons" et une image de soldat, a été partagée plusieurs centaines de fois via les utilisateurs.

Capture de l'application (The Atlantic.com)

Tout internaute qui tapait Baghdad en arabe dans le moteur de recherche de Twitter tombait alors sur l'image dans les principaux résultats. "Un bon moyen d'intimider les habitants de la ville", précise The Atlantic qui estime que EIIL obtient en général 10 000 reprises de ses hashtags alors que d'autres groupes de taille comparable plafonnent entre 2 000 et 3 500.

Des agences se chargent même de réaliser des clips vidéo, qualifiées de "superproductions quasi hollywoodiennes" par Le Monde, et destinées aux réseaux sociaux. Dans une vidéo intitulée Le Choc des épées, EIIL s'inspire ainsi ouvertement de grosses productions américaines avec des images aériennes ou des explosions au ralenti (mais ici bien réelles).

picto Le Choc des épées a notamment pour but de "faire peur à l'armée" régulière irakienne

Preuve de l'ampleur du phénomène, les autorités irakiennes ont coupé internet dans une partie du pays, au début de l'offensive jihadiste, rappelle le quotidien.

A gauche, le film Démineurs de Kathryn Bigelow, à droite la vidéo de propagande de l'EIIL (ISIS en anglais)

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