Belgique : Uber doit cesser ses activités de covoiturage
Anne-Sophie Jacques - - 0 commentairesLa guerre entre les taxis et les offres alternatives s’accélère aussi en Belgique. Mardi, le Tribunal de commerce de Bruxelles a mis un frein aux activités d’UberPop, service de covoiturage proposé depuis février par le VTC Uber qui ne peut, légalement, déployer son service de voiture de tourisme avec chauffeur à Bruxelles. Cette décision a déclenché une guerre qui ressemble fort à celle qui se joue à Paris actuellement entre taxis ringards et nouveaux acteurs. A une nuance près : si aucun politique français ne s’est risqué à prendre position, la commissaire européenne néerlandaise en charge de l'agenda digital, Neelie Kroes, est montée au créneau tout comme la ministre belge des transports qui a répliqué à coup de klaxons.
Les taxis, ce n’est pas seulement une histoire parisienne, c’est une histoire belge aussi. En Belgique, la guerre qui oppose taxis et offres alternatives prend un virage politique bien plus affiché que chez nous. Tout commence en février par l’arrivée à Bruxelles d’UberPop, service de covoiturage proposé par le VTC Uber. Ce dernier n’a pu mettre en place son offre classique de voiture de tourisme avec chauffeur – comme à Paris – car, selon Le Soir, la règlementation bruxelloise "interdit à ses habitants de faire appel aux services d’un chauffeur privé pour une durée inférieure à trois heures ou un prix inférieur à 90€". Qu’à cela ne tienne : Uber déploie alors son service UberPop – également disponible à Paris mais, comme on vous le racontait récemment, accueilli froidement par les taxis et les autres VTC. Uber n’est pas le seul sur ce créneau : Djump propose depuis un an un service de partage de voiture à Bruxelles. |
L’offensive d’UberPop n’a pas plu aux chauffeurs de taxis belges – secteur réglementé comme en France – qui ont fait pression auprès de la ministre régionale des Transports, Brigitte Grouwels, pour mettre en demeure UberPop mais aussi Djump de cesser toutes activités. Parallèlement, les Taxis Verts – le plus grand des réseaux de taxis – a porté une première plainte contre Uber auprès du Tribunal de commerce puis une seconde plainte contre Uber et Djump. C’est la première qui a été tranchée hier par le Tribunal : UberPop doit remiser son offre au garage. Pour l’instant, Djump n’est pas concerné.
Cette décision du Tribunal de Commerce a déclenché la colère de la Commissaire européenne néerlandaise, Neelie Kroes, actuellement en charge de la société numérique après avoir été responsable de la concurrence. Sur twitter comme sur son blog, elle se dit scandalisée : "cette décision ne protège ou n'aide en rien les passagers. Il s'agit juste d'aider un cartel de taxis. La ministre régionale est Brigitte Grouwels. Son titre est celui de ministre de la mobilité, mais il devrait peut-être être ministre de l'anti-mobilité." Puis elle prend parti pour la société recalée : "Uber est le bienvenu. Nous ne sommes pas au 19e siècle." Et vlan. Elle est soutenue par la députée bruxelloise, Els Ampe, membre d’Open VLD, le parti libéral de la Belgique néerlandophone. Selon elle, "c'est comme si nous revenions quelques siècles en arrière, au temps des guildes et des corporations. Un temps où les différentes professions empêchaient aux nouveaux acteurs d'exercer leur métier librement."
Réplique de Brigitte Grouwels : Neelie Kroes est l’incarnation du "libéralisme sauvage" en vertu duquel "le plus fort gagnera", et dit partager un autre point de vue que "la dérégulation incontrôlée qui peut mener au bain de sang social et à terme à une aggravation de l’offre". Pour la ministre, "le système de Uber est intéressant, mais il existe des règles et il convient de les respecter. Le tribunal de Commerce a constaté qu’elles n’étaient pas respectées". Quelles règles ? Des règles en matière de fiscalité et d’assurance soutient la ministre belge. Elle reprend là les mêmes arguments utilisés par les taxis et les VTC parisiens à l’arrivée d’UberPop.
>> Le dernier épisode de la guerre parisienne entre taxis et VTC est à retrouver ici.