G7 : Uber a "l'éternité devant elle" (N. Colin)
Vincent Coquaz - - Numérique & datas - 0 commentairesDe la guerre des taxis aux solutions à la crise économique française : attaqué en diffamation par la G7, l'entrepreneur-blogueur Nicolas Colin réplique par une vaste synthèse esquissant les voies (forcément numériques) de la sortie de crise pour la France.
Le lendemain de sa mise en examen pour un texte publié il y a six mois sur son blog et La Tribune.fr, jugé diffamatoire par le groupe G7, Colin a donc publié un second texte sur le même thème. Après "Les fossoyeurs de l'innovation", voici donc "L'industrie du taxi à la frontière de l'innovation" où il est davantage question des solutions à la crise française et d'innovation numérique que de taxis.
Capture http://colin-verdier.com - L'âge de la multitude | Pour Colin, c'est "l'avenir de notre pays" qui est en jeu dans l'économie numérique. Il explique comment la France, "spécialisée durant les trente glorieuses dans le rattrapage de l'économie américaine", est maintenant parvenue à la frontière de l'innovation, "stade du développement économique où le rattrapage des économies les plus avancées est achevé et où seule l’innovation peut générer de nouveaux gains de productivité." "Dans l’économie numérique, les marchés sont toujours concentrés à l’échelle globale. Une fois qu’une position a été prise par une entreprise américaine, il n’y a plus de rattrapage possible par une entreprise d’un autre pays. Il est impossible de créer un Google français" martèle l'énarque. Problème : nombre de secteurs sont déjà préemptés, les géants américains ne se cantonnant plus à un seul secteur. "Google vient de racheter Nest [startup spécialisée dans les thermostats intelligents et connectés] et investit massivement dans les énergies vertes. Ils vont vouloir, à un moment ou à un autre, distribuer l'énergie au client final, qu'ils ont déjà dans leur base de données" explique par exemple Colin à @si. |
Idem pour l'hôtellerie, où Google (avec Hotel Finder) a "réussi à unir contre lui hôtels et plateformes de réservation, autrefois ennemis jurés". Concernant l'automobile, une entreprise américaine spécialisée dans le cloud, Salesforce, est même venue chercher un Français, ex-numéro 2 de Renault, pour développer des projets de voitures connectées.
Mais la vision de Colin est loin d'être pessimiste : au delà de ces quelques secteurs déjà préemptés, il reste de nombreux domaines ouverts, dans lesquels il faut selon lui "passer à l'action", comme "la santé, le textile, l’énergie, le bâtiment, l’agriculture, le luxe, la banque,l’assurance, les transports publics".
Des dirigeants et actionnaires "incompétents" et "frileux"
Colin regrette au passage autant "l'incompétence" et la "frilosité" (dûe à un "traumatisme Messier") des dirigeants et actionnaires des grands groupes français, que l'échec français des start-ups à devenir des géants industriels. La solution se trouverait alors du côté des PME et ETI (Entreprises de taille intermédiaire), fortes d'un "capitalisme familial" qui les pousse à se transformer à temps.
Il finit (quand même) par une petite pique supplémentaire envers les taxis français et G7 en particulier (avec qui il précise à @si n'avoir jamais été en contact, ni avant ni après la plainte) : "Qu’attend [l'industrie du taxi] pour aller affronter Uber [...] ? Croit-elle que c’est en empêchant les VTC de se développer qu’elle évitera la bataille ? Et pourquoi s’occuper tant des VTC au lieu de préempter les clients, les «gens du peuple» comme les hommes d’affaires, avec un service d’une qualité supérieure et une expérience d’une fluidité incomparable ? Uber a l’éternité devant elle et sait que le marché français tombera tôt ou tard, ne serait-ce que sous la pression des clients insatisfaits".
L'occasion de voir notre émission 14h42 sur l'affrontement (numérique) taxis/VTC : "Ciel, il y a des applis dans le taxi!"