Politiques fraudeurs : Donnedieu de Vabres et la famille Fabius cités

David Medioni - - 0 commentaires

Condamin-Gerbier a livré des noms. Enfin ! Après avoir déclaré dans plusieurs médias depuis le mois de mai qu'il détenait une liste de noms de politiques français fraudeurs fiscaux, après avoir accordé un long entretien fleuve à Mediapart, nous vous en parlions ici. Devant les juges Van Rumybeke et Le Loire, il a livré deux noms de politques, que Mediapart publie aujourd'hui. Il s'agit de Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) et de la famille Fabius (PS).

Pierre Condamin-Gerbier (PCG) a été entendu par les juges Van Ruymbeke et Le Loire, en charge d'une enquête sur les pratiques de la banque Reyl & Cie dans laquelle PCG officiait. Et il a livré, écrit Mediapart, deux noms de politiques français fraudeurs fiscaux. PCG aurait fourni aux juges des documents montrant que Renaud Donnedieu de Vabres (UMP), ex-ministre de la Culture, aurait été rémunéré sur des comptes offshore au Luxembourg et en Suisse. Rémunéré pour avoir rendu service à l'homme d'affaires Alexandre Allard, propriétaire du Royal Monceau à Paris. "En 2007, au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, Alexandre Allard, exilé fiscal depuis 2002 (après la vente de ConsoData, une base de données marketing), avait décidé de regagner l’Hexagone. Sa fortune s’élevait alors à quelques centaines de millions d’euros, placés entre la Suisse et le Luxembourg", explique Mediapart.

Puis, relatant ce que Condamin-Gerbier a dit aux juges, le site écrit."La maison Reyl a travaillé d’arrache-pied pour injecter une partie du patrimoine de M. Allard dans le rachat du palace parisien Royal Monceau en 2008. Pierre Condamin-Gerbier a affirmé à Mediapart que l’ancien ministre de la culture, déjà mis en examen à plusieurs reprises dans l’affaire Takieddine, avait été rémunéré, pour partie, sur des comptes non déclarés au Luxembourg et en Suisse, via Reyl & Cie". Contactés les deux intéressés, Allard et Donnedieu de Vabres n'ont pas répondu aux journalistes de Mediapart. Mais, sur ces deux noms là, Condamin-Gerbier est très affirmatif.

En revanche, le mutli-témoin fait preuve de "beaucoup plus de prudence" lorsqu'il évoque "le nom de l’actuel ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius (PS), sa famille pouvant détenir des avoirs non déclarés en Suisse grâce à plusieurs opérations commerciales sur le marché de l’art". Dans le cadre de ces ventes sur le marché de l'art concernant la famille Fabius, ce n'est plus la banque Reyl & Cie qui est en cause, mais un autre établissement, la banque Pictet. Dans son article, Mediapart explique quel pourrait être le degré d'implication du ministre des Affaires étrangères. "Les avoirs détenus par les Fabius seraient abrités par un trust propriétaire d’une société luxembourgeoise, selon le témoin, qui n’a toutefois pas donné de précisions supplémentaires (dates, noms, montants…)", écrivent Fabrice Arfi, Agathe Duparc et Michel Déléan, les auteurs de l'article. Avant de donner la parole à Condamin-Gerbier. "Je ne suis, concernant les Fabius, qu’un témoin indirect. Je n’ai pas d’information concrète".

Mediapart revient également sur l'épisode du 5 avril dernier qui avait conduit Libération à faire sa Une (sans aucune information) sur le compte suisse supposé de Fabius. "Rencontré par Mediapart dans son bureau du Quai d’Orsay, le 5 avril dernier, Laurent Fabius nous avait déjà démenti détenir le moindre avoir caché à l’étranger. « Je n’ai aucun compte, ni en Suisse, ni ailleurs. Je n’ai absolument aucun compte, je n’en ai jamais eu », avait-il déclaré. À cette date, Mediapart avait été mis sur la piste de placements supposés de M. Fabius dans un grand établissement bancaire suisse". Dans cet article, l'avocat du ministre, Me Darois réitère ce démenti. "Laurent Fabius m’a dit n’être au courant de quoi que ce soit concernant sa famille. À sa connaissance, il n’y a rien. Et le concernant personnellement, c’est une certitude : il n’y a rien".

La suite judiciaire selon Mediapart pourrait passer par un supplétif que Van Ruymbeke et Le Loire pourraient demander afin de pouvoir élargir le champ de leur enquête. Cela afin que "la justice puisse confirmer ou infirmer les confidences de Pierre Condamin-Gerbier sur la banque Pictet et la famille Fabius. Seul le parquet de Paris est susceptible de procéder à cet élargissement", détaille enfin Mediapart.

Retrouvez notre portrait de Condamin-Gerbier ici et la façon dont ses déclarations médiatiques ont conduit les médias à pourchasser une liste fantôme, là.

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