Procès Manning : les internautes embauchent un sténographe

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Face au refus de l'armée américaine de diffuser les retranscriptions du procès de Bradley Manning, une association lance un appel aux internautes pour assurer la publicité du débat en embauchant son propre sténographe. Le tout grâce au crowdfunding.

Lundi 3 juin, s’ouvrait le procès du soldat de première classe Bradley Manning, trois ans après qu’il ait fourni 700 000 documents à Wikileaks dont une vidéo d’un hélicoptère de l’armée américaine tirant sur des journalistes à Bagdad. Au-delà du destin personnel du soldat qui risque 25 ans de prison pour la diffusion des documents et la perpétuité pour "collusion avec l’ennemi", ce procès hors norme (trois mois, 150 témoins) relance surtout la question du rôle des "lanceurs d’alerte".

L’armée américaine, peu friande de publicité, a d’emblée refusé la diffusion des retranscriptions du procès Manning, qui se tient devant une cour martiale du Maryland. Après avoir protesté contre ce qui réprésente une entrave à la liberté d’information, l’association Freedom of the Press a décidé de prendre les choses en main et d’engager à plein temps un sténographe pour retranscrire et diffuser l’intégralité des débats. La fondation, créée en 2012 et dirigée notamment par Daniel Ellsberg, autre lanceur d’alerte célèbre (diffuseur des Pentagon Papers en 1971, dont on vous parlait ici), a pour cela besoin de fonds et a décidé de s’inspirer de l’engouement actuel pour le crowdfunding (financement participatif) en faisant appel aux internautes.

En quelques jours, le premier objectif de 70 000 $ est quasiment atteint et le sténographe a pu commencer son travail dans la salle réservée aux médias. Les premières transcriptions du procès Manning, des journées de lundi 3 et mardi 4 juin, sont ainsi déjà disponibles en ligne. Pour l’instant, les débats tournent surtout autour des points de procédure, avec notamment la question de la retranscription et des enregistrements, évoquées ici page 12. Avec une centaine de pages pour chaque demi-journée, on se rend vite compte de la masse de données que cette retranscription implique. Au public ensuite (et aux journalistes) de faire le tri.

Dans un extrait de la retranscription, l'accusation demande à un temoin "Qu'est-ce que le Linux ?"picto

Par Vincent Coquaz

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