Le cas Mazerolle

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

Mazerolle va donc rejoindre Tapie.

C'est Le Parisien qui l'annonce. A 70 ans (et sous réserve que cette info ne soit pas elle-même un scoop "à la Mazerolle"), il devrait prendre la direction du quotidien La Provence. Souvenirs souvenirs. Car Mazerolle n'est pas seulement cette marionnette vitupérante de BFM, piégeant Vincent Peillon, éditorialisant tellement à charge contre Carlos Ghosn que la direction était obligée de le rappeler à l'ordre, ou bien pétant les plombs en direct lors du feuilleton Fillon-Juppé.

Aussi étonnant que cela paraisse à nos jeunes lecteurs, Olivier Mazerolle, avant cela, dans une autre vie, fut directeur de la rédaction de la grande chaîne publique France 2. Mais oui, France 2. Il en était directeur lors de l'affaire Alègre, quand France 2 avait donné la parole au journal de 20 Heures à un travesti mythomane, lequel assurait tranquillement que Tony Blair et Nicolas Sarkozy avaient participé à des partouzes à Toulouse. Quelques mois plus tard, Mazerolle poussait Pujadas à annoncer en direct que Juppé se retirait de la vie politique après une condamnation dans l'affaire des emplois fictifs, alors que ledit Juppé, sur la chaîne voisine et concurrente, annonçait le contraire.

Au sens propre, le cas Mazerolle n'illustre pas véritablement l'impunité dont bénéficient les stars de l'audiovisuel. Mazerolle a payé ses erreurs: après l'affaire Juppé, il a dû démissionner de France 2, et s'exiler sur BFM (laquelle n'était pas encore la chaîne dominante qu'elle est aujourd'hui). Il illustre leur longévité. Au fond, voir Mazerolle embauché par un patron de presse nommé Tapie, intégrant une galaxie qui n'entretient plus avec la vérité, de manière assumée, que des rapports lointains, n'a rien étonnant. Le rapprochement est cohérent. L'intéressant n'est pas qu'il y arrive. Mais plutôt, qu'il ait mis si longtemps à y arriver.

 

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