Warren Buffett publie sa feuille d'impôts
Anne-Sophie Jacques - - 0 commentairesC’est l’histoire d’un homme, troisième plus riche de la planète
, qui veut payer davantage d’impôts sans y parvenir. Voilà en résumé la situation dans laquelle se trouve Warren Buffett.
Souvenez-vous : le multimilliardaire américain a lancé cet été un appel pour la création d’une taxe sur les très grandes fortunes, arguant qu’il payait proportionnellement moins d’impôts que sa secrétaire. Cet appel a été entendu et relayé par Maurice Lévy, patron de Publicis. Nous en avions fait une émission puis, quelques semaines plus tard, un suivi.
Mi-septembre, Obama embraie, propose une taxe Buffett afin d’alourdir les impôts des riches et des entreprises et déclare : "La secrétaire de Warren Buffett ne devrait pas supporter un taux d’imposition plus élevé que Warren Buffett. C’est anormal qu’aux Etats Unis, un professeur, une infirmière ou un travailleur du bâtiment qui gagne 50 000 dollars par an, soit imposé à un taux plus élevé que quelqu’un qui gagne cinquante millions de dollars.". Les propositions d'Obama seront comparées à Hilter envahissant la Pologne (lire ici).
Car l’initiative de Buffett ne fait pas que des ravis. Tim Huelskamp, représentant des républicains du Congrès, demande à Buffett, dans un joli courrier, de prouver qu’il paie moins d’impôts que sa secrétaire. Buffett lui répond ok pour la publication, à condition que d’autres publient leurs impôts en même temps que moi, et de s’en prendre directement à Rupert Murdoch, "l'un de mes collègues ultra-riches", propriétaire du Wall Street Journal qui avait lui aussi fustigé son initiative. Huelskamp met au défi Buffett de publier sa feuille d’impôt. A ce jeu de c’est toi qui dis qui y es, Buffett vient de remporter une manche en diffusant, le mardi 11 octobre, sa déclaration fiscale. Et toc.
Qu’apprend-on ? Buffett a déclaré 62,8 millions de dollars en 2010 et, grâce aux différentes déductions, son revenu imposable ne dépasse pas 39,8 millions de dollars. Il arrive donc à un taux d'imposition de 17,3%, bien plus faible que les 30% d'impôts payés par de nombreux Américains, dont, on suppose, sa secrétaire. Dernier acte : las, Huelskamp invite Buffett à payer volontairement, tout seul, sa contribution à Obama.