Guéant veut interdire l'accès à Copwatch

La rédaction - - Silences & censures - 0 commentaires

Les principaux fournisseurs d'accès à Internet étaient convoqués aujourd'hui au tribunal de grande instance de Paris, à la demande du ministre de l'intérieur Claude Guéant. La raison ? Les avocats du ministère ont demandé d'interdire l'accès à une dizaine de pages "diffamatoires et injurieuses"du site internet "Copwatch Nord-Ile-de-France". Ce site, qui n'est pas hébergé en France, se consacre au fichage de gendarmes et de policiers, et publie leurs photos en civil. Pour, assurent ses auteurs, lutter contre les bavures policières.

Le concept vient des Etats-Unis. Le site copwatch est l'oeuvre d'un "collectif de citoyens souhaitant lutter par la transparence et l'information contre les violences policières". Le site rassemble les noms, prénoms, numéros de matricule ou adresses des policiers qu'ils dénoncent, mais aussi des anecdotes sur leur vie privée, et même leurs opinions politiques. Surtout, le tout est agrémenté de photos et de vidéos montrant les policiers en civil, opérant notamment en marge de manifestations, où ils se confondent avec les casseurs.

Un exemple des photos publiées sur le site picto

Le site livre également des captures de la page facebook du policier mis en cause :

Peu connu jusqu'à maintenant, Copwatch risque de voir sa notoriété décoller, et notamment "grâce" à deux de ses farouches détracteurs : Alliance et Claude Guéant. Le syndicat policier, premier à avoir demandé la fermeture du site en décembre 2010 (nous en parlions ici) est aujourd'hui soutenu par le ministre de l'Intérieur, après qu'un des 450 policiers fichés par le site a reçu une cartouche de chasse dans sa boîte aux lettres. Aux yeux du syndicat et du ministre, le site "met en péril la vie de certains fonctionnaires listés".

Hébergé au Etats-Unis, le site peut difficilement être sanctionné par la justice française. Pour cette raison, Guéant a requis auprès du Tribunal que les FAI bloquent "les pages où mention est faite des liens internet permettant d'avoir accès aux données personnelles". Les fournisseurs d'accès ont tous fait savoir que de telles mesures "ne peuvent techniquement être mises en place", rapporte L'express.fr, et qu'ils ne peuvent être tenus pour responsable, dans la mesure où ils ne sont que des "intermédiaire[s] technique(s]".

Le Tribunal rendra son jugement vendredi. En attendant, gageons que cette médiatisation aura l'effet inverse de celui désiré par le gouvernement. Les internautes parlent déjà d'un "effet Streisand", par lequel une information faisant l'objet d'une tentative de retrait ou de censure devient brutalement très populaire, et se retrouve partout sur le net. Pour preuve, une liste de sites miroirs, copies conformes de l'original, vient d'être publiée, et en recense déjà 22.

(par Noëmie Le Goff)

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