Murdoch : le Wall Street Journal se démarque (un peu)

Gilles Klein - - 0 commentaires

Comment ne pas être emporté avec le tourbillon ? Le Wall Street Journal, dans un long éditorial, se dissocie du News of the world, en faisant valoir sa propre singularité. "Les excès d'un tabloïd ne ternissent pas le travail de milliers de journalistes" : le quotidien financier, propriété de Rupert Murdoch prend la défense de son patron, en attaquant, au passage, la BBC et le Guardian (sans d'ailleurs mentionner que c'est le Times, également propriété du groupe Murdoch, qui a provoqué la démission du chef de Scotland Yard dimanche).

A Londres, la journée a été marquée par la démission de John Yates, l'adjoint du patron de Scotland Yard qui avait démissionné hier, et l'annonce du retour anticipé à Londres, dès mardi, du Premier ministre David Cameron, qui devrait s'adresser au Parlement mercredi (intervention qui n'était pas prévue). Par ailleurs, malgré son arrestation dimanche, Rebecca Brooks (libérée sous caution) a fait savoir qu'elle témoignerait devant la commission du parlement britannique mardi.

"Lorsque le groupe News Corp de Rupert Murdoch a pris le contrôle de Dow Jones & Co. il y a quatre ans, nous avons accueilli notre nouveau propriétaire dans ces colonnes et promis de défendre les mêmes régles et principes que nous avons toujours eus. Il est bon de le répéter maintenant que les politiciens et nos concurrents utilisent des années de piratage téléphonique dans la filiale britannique de News Corp pour attaquer le Wall Street Journal, et la liberté de la presse en général" explique le long éditorial, non signé, du Wall Street Journal.

"Il est aussi assez ironique de voir tant d'outrage face à une seule entreprise de presse, alors que les tabloïds britanniques sont connus depuis des dizaines d'années pour payer leur scoops et fouiller la vie des gens célèbres. (...) Les hommes politiques britanniques qui s'en prennent à l'influence des médias sur la politique sont les mêmes qui ont réclamé le soutien des médias. L'idée que la BBC et le Guardian n'essaient pas d'influencer la vie publique, et n'orientent pas leur couverture, ne tient pas debout. Le récente volte-face vers une indépendance rigoureuse vient rappeler une éternelle vérité : ne jamais faire confiance à un politicien."

Le journal prend ensuite la défense de Les Hinton (proche collaborateur de Murdoch depuis plusieurs dizaines d'années), éditeur et PDG du Wall Street Journal (depuis son rachat par Murdoch en décembre 2007), qui a indiqué dans sa récente lettre de démission qu'il ignorait l'étendue de ces écoutes téléphoniques, et qu'il avait témoigné en ce sens, de bonne foi, devant le Parlement britannique en 2007 et 2008.

Le quotidien s'en prend une deuxième fois au Guardian, sans le nommer, considérant comme particulièrement insupportables "les leçons d'éthique journalistique dispensées par des journaux qui ont donné un imprimatur moral à Julien Assange et à Wikileaks. Ils veulent faire croire à leurs lecteurs, sans aucune preuve, que les excès d'un tabloïd, peuvent ternir le travail de milliers d'autres journalistes de News Corp dans le monde."


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